Que se passe-t-il, chers confrères de la presse béninoise ?

Quel drôle d'équipe nationale, ces Écureuils-guépards !

L’éditorial d’Arimi Choubadé

Je lis et je relis l’angélus médiatique sur le code électoral déclenché le 12 mars 2024 et je ne m’en reviens toujours pas. Ce n’est pas tant les dithyrambes tous azimuts sur les “miracles” de la réforme des partis, versus Talon, qui agacent. Mais la mise en scène même de l’opération laisse pantois. En effet, c’est dans la journée du dimanche 10 mars 2024 qu’un autre confrère, Hugues Sossoukpè lance l’alerte sur sa page Facebook, d’un contrat en cours de signature par des responsables de médias quelque part dans Cotonou dont l’objet est d’encenser le régime Talon pour le vote du code électoral en attente de validation par la cour constitutionnelle elle-même saisie de multiples recours contre le texte adopté au parlement dans la nuit du 5 au 6 mars par l’arrogante majorité au pouvoir.

Au bout de quelques heures, avant même de réaliser qu’il s’agissait ou non d’une provocation de lanceur d’alerte, les premières Unes de journaux ont commencé par être révélées sur les réseaux sociaux. Pour ma propre gouverne, ce fut littéralement la stupeur, au-delà de la surprise face à l’ingéniosité des gars à plonger la plume dans la gadoue ambiante ; une inspiration commune intervenue le même jour, parfois avec les mêmes intonations. On dirait qu’une conférence de rédaction commune à tous ces organes est passée par là. Le choc ne vient pas du fait de l’existence ou pas d’un contrat de louange. Au point où se trouve la corporation actuellement, chaque parution d’un journal relève de l’exploit. Ce n’est pas parce que le repas a été fait chez Belzébuth que le prêtre va laisser ses paroissiens mourir de faim.

Par contre, la connexion quasi ombilicale avec une certaine classe politique réputée pour répandre la terreur à chaque consultation électorale depuis 2019 interpelle quelques esprits. Quel contrat peut faire oublier aux confrères que le code en question est voté depuis 2019 et occasionné depuis lors morts, prisonniers et exilés à chaque scrutin ? D’où vient alors subitement ce béguin immodéré pour une réforme qui date de 5 ans ? Lorsqu’on lit les slogans rupturiens fièrement étalés à la Une des journaux, magnifiant le financement public des partis politiques, on a envie de se demander si les confrères ont délibérément choisi de brader la science de notre profession. Les premiers chèques du trésor public ont été gracieusement remis aux partis dits éligibles depuis 2020 ou 2021. C’est 3 à 4 ans plus tard que cela devient un événement exceptionnel pour les miens.

En outre, je voudrais comprendre pourquoi un vote intervenu dans la nuit du 5 au 6 mars n’est devenu viral dans certains journaux que le 11 mars, de façon groupée ? Surtout qu’il s’agit d’une loi en vigueur depuis 2019 mais que la cour constitutionnelle a demandé de mettre en jour afin de se conformer à l’une de ces décisions en date du 4 janvier 2024 sur saisine d’un citoyen. En clair l’initiative n’est pas venue de l’Assemblée nationale. Peut-être que certaines modifications opportunistes au-delà des exigences des sages de la cour défraient la chronique mais cela n’a rien à voir avec les slogans repris par la plupart des Unes.

Qui a finalement trompé qui ? Entre les politicards du régime et les journalistes.

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