Un ancien collaborateur du chef de l’état, assure qu’il est impossible que le président Talon n’ait pas été informé de cette opération dont « l’objectif évident est de décrédibiliser Olivier Boko ».
(Olofofo n°5 du 05.07.2023)
La bataille pour la succession de Patrice Talon est lancée. A peine les législatives de janvier 2023 se sont-elles terminées que la fièvre pour la succession du président de la république s’est installée, principalement et presque uniquement dans les rangs de ses propres soutiens, alors que le président sortant n’avait même pas encore bouclé la deuxième année de son second mandat. C’est Olivier Boko, le deuxième personnage le plus important de la galaxie Talon qui a lancé les hostilités. Sous la houlette de son beau-frère et bras droit Rock Niéri, celui qui est perçu dans l’opinion publique nationale et par les chancelleries étrangères comme l’homme à tout faire et l’exécuteur des basses œuvres du président Talon, a lancé une OPA sur le fauteuil de son associé, espérant ainsi court-circuiter toute autre personne avec les mêmes visées. Rock Niéri multiplie les cercles de soutiens à la candidature d’Olivier Boko, mobilise les médias et finance la communication visant à imposer son beau-frère comme l’unique dauphin du chef.
Le fait-il avec la bénédiction de ce dernier ? Rien n’est moins sûr. En bon joueur d’échec, Patrice Talon n’a jamais dévoilé ses coups qu’au dernier moment, lorsqu’il est certain de mettre ses adversaires échec et mat. Les agitations des soutiens d’Olivier Boko à plus de trois (03) ans de la fin de son mandat ne correspondent donc pas à la méthode de l’actuel occupant du Palais de la Marina. D’autant plus qu’en moins de trois ans seulement (entre 2018 et 2021), Patrice Talon a réussi à mettre à sa botte la totalité de l’appareil d’état, de ses institutions, de ses hommes-clés, et du tissu économique. Il s’est assuré qu’aucun opposant ne puisse plus remporter une élection face à son système. Si Olivier Boko fait donc beaucoup de bruit, c’est parce que malgré sa proximité avec Patrice Talon, il n’est pas certain d’être l’héritier de ce trône dont il a apporté une contribution notoire au renforcement. Il est d’autant plus inquiet qu’il sait que l’entourage du chef de l’Etat ne le trouve pas du tout légitime et encore moins compétent pour la succession. Pour beaucoup d’analystes, cette campagne précoce ne serait qu’un moyen pour lui de tordre le bras à son associé. Gêné par le stoïcisme du chef de l’état dont il ne connait que trop le cynisme, l’intéressé s’en serait expliqué il y a quelques semaines en privé avec lui, pour l’assurer qu’il n’en était pour rien dans toute cette agitation autour de sa personne. Patrice Talon, pour sa part, s’était contenté d’en prendre acte. Mais la campagne pour la candidature d’Olivier Boko ne s’est pas arrêtée pour autant.
Il fallait donc lui faire passer le message à lui, mais aussi à toute sa galaxie, que le chef de l’état n’appréciait pas beaucoup tout ce remue-ménage. Et l’instrument trouvé semble être Romuald Wadagni, l’autre dauphin potentiel qui, contrairement à Olivier Boko, pousse ses pions en toute discrétion. Mardi matin, soit moins de 24 heures après la publication d’un visuel appelant à sa candidature, le jeune ministre de l’économie, des finances et de la coopération s’est démarqué de cette initiative et profité pour lancer une pique en direction du clan Boko. « A ce jour, tacle-t-il sèchement, il est indécent et prématuré de s’engager dans le débat sur les élections présidentielles de 2026 ». Contacté par Olofofo, un ancien collaborateur du chef de l’état, désormais à la touche, assure qu’il est impossible que le président Talon n’ait pas été au minimum informé de cette opération dont « l’objectif évident est de décrédibiliser Olivier Boko, et à terme, le mettre hors-circuit ».
Comment réagira “le vice-président” ? Entendra-t-il le message et retournera-t-il dans les rangs, ou au contraire, se sent-il assez fort pour aller jusqu’au bout de cette aventure périlleuse, lui dont les fonctions officieuses a fait le principal interlocuteur des derniers hommes d’affaires du pays, mais également des magistrats et des hauts gradés de l’armée et de la police républicaine ? Les jours à venir nous le diront.
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