Politique : voici ce que Joël Aïvo a dit à Sévérin Maxime Quenum

On ne l’a quasiment pas entendu sur sa condamnation depuis le 6 décembre 2021, il ne s’est non plus jamais plaint des “injustices” qui lui sont faites depuis son arrestation le 15 avril de la même année. Pour autant le professeur Frédéric Joël Aïvo avait des choses à dire. L’interdiction de visite aux députés de l’opposition le 8 février dernier et surtout les arguments par lesquels le ministère de la justice a tenté de la justifier, semblent avoir fini de convaincre le prisonnier de sortir de son mutisme. Ce sera par une longue lettre de sept (7) pages que le professeur titulaire de droit constitutionnel règlera ses comptes avec l’avocat devenu ministre de la justice et des droits de l’homme en mai 2018. “Je vous accuse personnellement de mettre votre ministère au service de l’injustice et de faire de la violation des droits de l’Homme – et ceux précisément de vos adversaires politiques – l’une des finalités non dissimulées de votre politique.”, assène-t-il d’emblée dans son cinglant riquisitoire contre l’action du ministre Sévérin Maxime Quenum. Et pour cause, les abus et particulièrement les traitements inhumains et dégradants se seraient multipliés contre l’ancien candidat recalé à l’élection présidentielle depuis son “enlèvement” dans la rue, sans que le ministre de la justice ne face rien pour les faire cesser. Au contraire. De la confiscation de ses effets personnels à sa détention “dans les toilettes” en passant par les conditions de visite, le professeur Aïvo ne supporte plus que le système judiciaire soit utilisé pour assouvire ce qu’il dénonce comme de la “vengeance politique”. 

”Le Covid-19 a bon dos.”

Le professeur Aïvo est longuement revenu sur le dernier épisode du long feuilleton de la violation de ses droits, à savoir l’interdiction de visite aux députés de l’opposion. L’universitaire balaie du revers de la main tous les arguments avancés en son temps par l’administration pénitenciaire. Une décision “arbitraire” aux yeux du détenu, puisqu’elle est “dépourvue de base légale”. Ni le fameux décret de 1973, ni l’argument de la lutte contre le Covid-19 ne trouvent grâce aux yeux du professeur qui rappelle que toutes les mesures anti-covid avaient été levées par le conseil des ministres depuis le 16 mars 2022 faisant tomber de facto les mesures prises dans les prisons et qui n’étaient plus du tout appliquées. Quant au décret de 1973 Joël Aïvo rappelle dans une cinglante comparaison qu’il avait été pris par le jeune gouvernement militaire révolutionnaire pour “traquer les adversaires politiques des militaires au pouvoir et les priver de leurs droits fondamentaux”

La tradition des procès vengeurs Et le profeseur de droit constitutionnel de retrouver ses réflexes de pédagogue en replongeant le ministre de la justice dans les méandres des turbulences de l’histoire politique du Bénin faite, rappelle-t-il, de “parodies de justice”. Ce fut le cas de Louis Chasme, ancien ministre de la justice du Dahomey, condamné dès 1963 à 20 ans de prison le Tribunal militaire d’exception, celui d’Alphonse Alley, ancien Chef d’État, condamné en 1969 à dix (10) ans de prison devant la Cour de sûreté de l’État ou encore celui de Maurice Kouandété, ancien Chef d’État, ou de maître Adrien Houngbédji avocat et ancien Procureur de la République tous deux condamnés à mort respectivement la Cour militaire de justice et par le Tribunal révolutionnaire national. “Les procès vengeurs destinés à détruire un adversaire politique ou un intellectuel trop libre, notre pays sait les organiser”, souligne, amer, le professeur de droit avant de conseiller à Sévérin Maxime Quenum d’avoir la clairvoyance de détruire des ses propres mains “l’épée de la vengeance politique qu’il a déterrée contre ses adversaires, “avant que d’autres ne s’en emparent à leur tour”.

Professeur titulaire de droit constitutionnel, et figure marquante de l’opposition à Patrice Talon, Frédéric Joël Aïvo a été arrêté le 15 avril 2021 au lendemain d’une élection présidentielle à laquelle il n’a pas pu participer faute de parainnage, alors qu’il était l’un des candidats les plus populaires à cette élection. Huit (8) mois plus tard, il est condamné à 10 ans de prison ferme et 45 millions d’amende pour tentative de coup d’état et blanchiment de fraude fiscale, à l’issue d’un procès qui a laissé l’opinion publique nationale et internationale sur sa faim.  est l’une des figures montantes de l’opposition au Bénin. “La  condamnation de Joël Aïvo est une stupéfaction, de la sidération pour beaucoup de Béninois, car il y a vraiment un débat sur ce qu’on lui reproche, et parce que il y a toujours des doutes sur l’institution qui l’a condamné, la Criet”, avait commenté sur TV5 le politologue Expédit Ologou, dès le prononcé du verdicte, tandis que l’éditorialiste du journal L’Événement Précis, Olivier Allochémè se fendait d’un violent réquisitoire contre “une justice absurde” et contre les nombreuses questions auxquelles il n’a pas répondues.

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