Politique : Ousmane Batoko lance un appel à la réflexion sur la démocratie béninoise

OUSMANE BATOKO

Le 22 octobre 2024, Ousmane Batoko, ancien président de la Cour Suprême du Bénin, a brisé son silence en accordant une interview à Eden TV. Depuis son départ du poste, il s’était tenu à l’écart des projecteurs médiatiques, mais les récentes turbulences socio-politiques, notamment la tentative de coup d’État, l’ont poussé à s’exprimer.

Une démocratie en péril ?

Ousmane Batoko n’a pas mâché ses mots pour se prononcer sur l’état actuel du Bénin. Selon lui, les échos d’une tentative de coup d’État sont symptomatiques d’un système démocratique en détresse. « Cela veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas », a-t-il affirmé, soulignant l’incompréhension croissante parmi la population. Il déplore le manque d’informations rassurantes pour apaiser les inquiétudes des Béninois, qui vivent dans une atmosphère d’incertitude.

Il a également évoqué le fonctionnement des institutions, notant que, malgré la présence d’organes comme l’Assemblée nationale, la Cour Suprême, la Haute Cour de Justice et le gouvernement, un sentiment de “cafouillage” prédomine. L’ancien magistrat s’interroge sur l’état d’esprit des dirigeants actuels : « Dans quelle ambiance se trouvent les femmes et les hommes qui les animent aujourd’hui ? Est-ce qu’ils sont sereins ? Réfléchissent-ils dans des conditions optimales sur ce qu’ils doivent faire pour demain ou après-demain ? », a-t-il lancé. D’ailleurs, au regard de la situation qui prévaut dans le pays, Ousmane Batoko pense que l’environnement politique béninois est en ruine : « Et je m’excuse de le dire ainsi, mais ça ne va pas », a-t-il affirmé.

Une proximité problématique ?

En ce qui concerne les récents événements, Batoko s’est exprimé sur la tentative de coup d’État qui met en cause deux proches du président Patrice Talon, Olivier Boko et Oswald Homeky. Selon lui, il n’y a pas d’explication plausible pour décrire ces faits. « Je ne comprends pas que des gens aussi intelligents qu’Olivier Boko ou Oswald Homeky puissent un instant envisager d’organiser un coup d’État et de confier la transition à quelqu’un d’autre. Non, non, ce n’est pas possible », s’est-il étonné avant de donner son avis. « C’est une immaturité que je ne peux confondre avec ni Olivier Boko ni le ministre Homeky. Je ne peux les accuser, les confondre à une si grave immaturité politique », a-t-il conclu, tout en appelant à une clarification des responsabilités.

Des inquiétudes partagées sur l’avenir

Face aux incertitudes qui pèsent sur le pays, Batoko a partagé ses craintes quant à l’avenir politique du Bénin. Il a souligné le contraste entre les discours politiques, citant une déclaration de Talon sur la préservation de la Constitution et les aspirations de certains membres de partis, qui semblent viser une domination parlementaire écrasante. « ‘’Je ne veux pas non plus qu’on touche à un paragraphe du code électoral.’’ Que vous mettez cette déclaration de Patrice Talon en face de la déclaration péremptoire de mon jeune frère et ami, l’honorable Ahouanvoebla, à l’Assemblée nationale où il disait que son parti, l’Union progressiste le Renouveau doit avoir près de 80%,  plus de 80% de maires. Et qu’il verrait, c’est ça qu’il a dit, et je fais même le geste, et qu’il verrait comment le BR et les démocrates vont pouvoir désigner leur candidat à la présidentielle » a analysé l’ancien Président de la Cour Suprême du Bénin.

Pour Batoko, ces tensions créent un climat où la démocratie ne “respire pas”. « Au regard des événements que nous vivons depuis deux semaines, on ne respire pas dans le pays. Personne ne respire dans le pays », a-t-il déclaré. Il a plaidé pour une révision du code électoral afin de permettre une plus grande ouverture et un véritable dialogue démocratique. “Il faut laisser la démocratie respirer”, insiste-t-il, exprimant sa préoccupation pour l’avenir du pays.

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