Politique au Bénin : Djogbenou a déchiré l’UPR en 3 morceaux

Politique au Bénin : Djogbenou a déchiré l’UPR en 3 morceaux

Arrivé à la tête de l’Union Progressiste, le Renouveau, le professeur Joseph Djogbenou a fini par mettre le plus grand parti du Bénin en lambeaux au bout d’un an et demi seulement. Les structures de base sont laissées à elles-mêmes, l’administration du parti est divisée en trois et une gestion financière de plus en plus décriée. Dans ces conditions, les ambitions personnelles du président Djogbenou pour les législatives et présidentielles de 2026 enveniment les débats à deux ans de l’échéance.

L’Union Progressiste, le Renouveau, de Joseph Djogbenou est caractérisée aujourd’hui par plusieurs centres de décisions. Le siège de Gbegamey à Cotonou est divisé en 2, la Direction de l’Administration officielle située au premier étage occupée par l’ancienne journaliste Christelle Houndonougbo ; puis une autre direction de fait installée au second étage occupée par l’ancien député Boniface Yêhouétomè. A tout cela s’ajoute désormais, le siège du président actuel lui-même sis à l’Etoile Rouge toujours à Cotonou pendant que le siège national officiel de Porto-Novo ancien siège du Parti du Renouveau Démocratique (Prd) est pratiquement à l’abandon.

L’actuel président du parti Joseph Djogbenou refuse toujours d’aménager à Gbegamey comme son prédécesseur démissionné en juillet 2022. Pas question pour lui de travailler avec l’équipe laissée en place par Bruno Amoussou. Au début, le personnel pensait à une délocalisation momentanée du président, le temps de faire quelques aménagements physiques dans son bureau et à son secrétariat. Mais au fil des mois, les choses se précisent. Djogbenou a installé une équipe parallèle dans son cabinet privé sis à l’Etoile rouge d’où il dirige tout: audiences, réunions, administration.

Néanmoins pour garder un oeil sur le siège de Gbegamey, il installe un tour de contrôle au deuxième étage de l’immeuble sous la supervision d’un ancien député originaire du même département que lui, le Zou en la personne Yêhouétomè. Il dispose d’un bureau splendide et bénéficie d’un salaire mirobolant qui a fait jaser la presse et les réseaux sociaux il y a quelques mois. On parle de 5 à 10 millions en l’absence de chiffre officiel. De toutes les façons, son statut au sein de la direction est loin d’être élucidé. Il se fait désigner “Mandataire” alors qu’en théorie ce poste n’existe plus depuis les réformes au sein des structures du parti.

Dans les faits,  Yêhouétomè agit comme le Directeur de l’Administration bis. Celle qui occupe officiellement le poste depuis la création du parti, Christelle Houndonougbo étant ouvertement écartée de tout. Elle est l’incarnation même de l’équipe de Amoussou dont Djogbenou n’en veut pas du tout. Partout où il est passé, depuis l’avènement de Patrice Talon au pouvoir il avait la possibilité de tout contrôler comme ce fut le cas lors de son passage à la tête du ministère de la justice puis de la Cour constitutionnelle. Pourquoi pas à l’UPR ?

L’ostracisme ne concerne pas que les anciens cadres UP supposés protégés de Amoussou. La grogne a atteint les anciens militants du Prd, ancien parti de Adrien Houngbedji. L’abandon total de leur ancien siège devenu le siège officiel de l’UPR passe très mal. Une grogne qui a atteint les autres fiefs du Prd partant de Porto-Novo jusqu’à Akpakpa en passant pas Sèmè-Kpodji. Les militants sont furieux de constater la marginalisation dont ils font l’objet lors des opérations de renouvellement de structures de base par Djogbenou et ses nouveaux associés.

Faudrait-il le rappeler que l’UPR est un des partis qui reçoivent de financement de l’État à hauteur du milliard et demi chaque année. Selon plusieurs sources, depuis l’apparition des mouvements de suscitation de la candidature de l’homme d’affaires Olivier Bocco au sein même de l’UPR, le camp Djogbenou s’est radicalisé. En plus des protégés du prédécesseur Amoussou, ce sont les fans supposés ou réels de Olivier Bocco qui subissent les opérations de mise à l’écart.

C’est finalement la nouvelle administration de facto d’obédience Djogbenou qui exécute la plupart des activités de terrain sans que les structures officielles ne soient impliquées. Parallèlement, les grognes se multiplient au niveau des démembrements du parti. Le cabinet de l’Etoile rouge est transformé en base opérationnelle servant à étouffer les crises. C’est là-bas que Djogbenou essaie de négocier la paix avec les mécontents à l’abri des regards indiscrets. Les frondeurs anciens Prd y sont passés il y a quelques jours précédés des mécontents de Couffo. Plusieurs autres délégations ont eu leur tour d’ “arrangement”. Les prochains jours annoncent d’autres orages à l’horizon.

Un fait d’actualité crée d’ailleurs beaucoup de tension en ce moment au sein des cadres. Il s’agit de l’organisation à Parakou d’une session de la Direction Exécutive Nationale (DEN). Près d’une centaine de personnes déplacées, hébergées, nourries avec frais de mission juste pour faire le point de la mise en place des structures décriées sur le terrain. Des dizaines de millions gaspillés. La plupart des invités de Parakou résident à Cotonou, Abomey-calavi ou Porto-Novo et environs. Le siège de Porto-Novo aurait pu servir à une telle manifestation. Mais Djogbenou et sa clique au sein de la Haute Direction Politique (HDB) en ont décidé autrement, comptant sur l’argent du parti.

Pendant ce temps, l’unité du parti est devenue une chimère en attendant les nouveaux développements qui risquent de secouer toute la maison. Les menaces de démission sont monnaie courante notamment parmi les pères fondateurs de l’UP avant l’adhésion et la arrivée de l’actuel président et la transformation du parti en UPR

Le ton est d’ailleurs donné par un des frondeurs qui a requis l’anonymat : “ l’UPR est une œuvre au sein de laquelle chaque acteur originel a sa part. Le parti minoritaire que constitue Alternative Citoyenne de Djogbenou ne saurait détruire l’héritage commun. Actuellement il a provoqué la reconstitution des chapelles; chacune se réunit déjà pour que la fin de la récréation soit sifflée”. Il poursuit: “L’UP est le fruit de tant d’années de travail, de sacrifices et de compromis pour être bradé par un individu ou pour un “profiteur”.

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