Patrice Talon face à la représentation nationale : Guy Mitokpè dénonce un discours clivant et incohérent

GUY MITOKPÈ

Le discours à la nation du 20 décembre 2024 prononcé par le Président de la République continue de générer des polémiques au sein de la classe politique et des citoyens. Les propos tenus par le chef de l’État devant la représentation nationale ne font pas l’unanimité. Sur sa page Facebook, Guy Dossou Mitokpè, militant engagé du parti “Les Démocrates” et secrétaire national à la communication, a exprimé une série de critiques acerbes sur les différents aspects de l’allocution présidentielle, notamment sur le ton, le contenu et certaines contradictions relevées dans les propos.

Dans son analyse publiée le 22 décembre, Guy Dossou Mitokpè remet en cause le ton adopté par le Président Talon. Selon lui, au lieu d’incarner l’esprit de rassemblement et de fédérer les Béninois, comme le devrait tout discours présidentiel, Patrice Talon a opté pour un ton « de chef de camp ». De ce fait, le secrétaire national à la communication du parti ‘’Les Démocrates’’ dénonce un discours où le Président s’est plus préoccupé de défendre son action et d’avertir ceux qui ne partagent pas sa vision que de chercher des solutions concrètes aux préoccupations des citoyens.

Mitokpè souligne notamment un point important : un Président, lorsqu’il s’adresse à la nation, doit chercher à apaiser les tensions sociales, rassurer les populations sur leur sécurité et leurs emplois, tout en incitant à la confiance des investisseurs étrangers. Cependant, dans ce discours, il n’a été question ni de réconciliation nationale, ni de réponses aux défis économiques du pays, mais plutôt de la défense d’une vision personnelle et de la mise en garde envers ceux qui s’y opposent.

L’ancien député critique également les propos du Président sur le « passé honteux » du Bénin, soulignant une incohérence majeure. En effet, Patrice Talon a évoqué ce « passé honteux », mais 80% de ceux qui l’entourent actuellement, affirme Mitokpè, étaient actifs dans ce même passé qu’il dénonce. Certains de ces acteurs, qui ont joué un rôle central dans ce qu’il qualifie de « passé honteux », continuent d’être promus au sein du gouvernement, ce qui jette un doute sur les véritables motivations du Président. Selon Mitokpè, cela pose la question de la sincérité de la critique du passé, tant les figures du régime actuel semblent intimement liées à celui qu’on cherche à oublier.

La critique du discours économique

L’une des phrases les plus remarquées du discours de Patrice Talon a été celle où il affirme que « la route fait manger », en référence aux investissements dans les infrastructures routières. Guy Dossou Mitokpè, tout en reconnaissant une part de vérité dans cette déclaration, la critique sévèrement. Selon lui, le coût des infrastructures sous le régime actuel est exorbitant, et si « la route fait manger », ce n’est pas au sens figuré, mais bien au sens financier, avec des projets dont les coûts seraient plusieurs fois supérieurs à ceux des mêmes projets sous l’administration précédente. Ce constat met en lumière la gestion des finances publiques et suscite des interrogations sur la transparence et l’efficacité des investissements réalisés.

L’insulte au peuple et les contradictions personnelles

Le 23 décembre, Guy Dossou Mitokpè a poussé sa critique encore plus loin, en dénonçant les propos de Patrice Talon, qu’il considère comme un affront à l’ensemble du peuple béninois. Il l’accuse de « n’insulter le peuple depuis 10 ans » et de maintenir une posture dédaigneuse vis-à-vis des citoyens. Selon Mitokpè, les propos du Président Talon tels que « le pardon est une faute » ou « je n’ai jamais demandé pardon », sont des déclarations qui semblent en contradiction avec la nécessité de réconciliation dans un pays marqué par des tensions politiques. Ce genre de propos, ajoute Mitokpè, alimente un climat de mépris envers ceux qui ont été affectés par certaines décisions du gouvernement.

L’ironie de ces déclarations est encore plus frappante quand on considère l’autosatisfaction constante du Président. Guy Dossou Mitokpè se demande, avec sarcasme, si « c’est un péché de t’avoir voté en 2016, monsieur ‘’je connais tout’’ ? ». Cette remarque résume l’exaspération de nombreux citoyens face à l’arrogance perçue du Président, et la déconnexion apparente de ce dernier avec la réalité vécue par les Béninois. Pour Mitokpè, cette attitude non seulement détourne le débat des véritables préoccupations de la population, mais elle fragilise également la confiance entre le peuple et ses dirigeants.

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