19 septembre 2024

Passage à l’Eco : Yvon Détchénou met en garde contre « l’impatience » et vante les progrès du CFA

Passage à l’Eco : Yvon Détchénou met en garde contre « l’impatience » et vante les progrès du CFA

Au Bénin et dans les Etats de l’UEMOA, le passage du Franc CFA à l’ECO n’est pas pour très bientôt. Même si de grands pas sont posés pour l’adoption d’une monnaie unique des pays d’Afrique de l’Ouest, il subsiste plusieurs difficultés qui ne rendent pas la chose possible pour le moment. Devant le parlement le jeudi 11 janvier 2024, le ministre de la justice, Yvon Détchénou, appelle à la patience et expose plusieurs difficultés techniques et politiques qu’il faut résoudre avant de quitter le Franc CFA pour aboutir à une zone ECO.

Le Garde des Sceaux du Bénin était devant les députés de l’Assemblée Nationale, dans le cadre de l’examen du projet de loi portant autorisation de ratification de l’accord de coopération du 21 décembre 2019 entre les gouvernements des Etats membres de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et le gouvernement français. Cet accord signé entre les présidents Alassane Ouattara et Emmanuel Macron « vise tout particulièrement à modifier les anciens accords et à permettre de lever un certain nombre de reproches qui étaient faites aux relations antérieures » entre les pays de la zone CFA et la France, a expliqué le Ministre de la justice. Yvon Détchénou, pour convaincre les députés à autoriser la ratification du document, a exposé quelques avancées auxquelles l’accord a conduit.

« Le premier, c’est l’arrêt de la centralisation des réserves de changes au Trésor Français et le transfert à la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest des ressources disponibles dans le compte d’opération et la fermeture dudit compte. La deuxième avancée, c’est le retrait de tous les représentants français des organes de décision et de gestion de l’UEMOA. (…) Depuis la signature de l’accord en 2019, tous les mandats des représentants français dans ces différents comités ont cessé », explique le Garde des Sceaux.

Cependant, il reste du chemin à faire avant la concrétisation et l’adoption de l’Eco comme monnaie commune aux pays de l’Afrique occidentale. A en croire Me Yvon Détchénou, la manœuvre en cours ne consiste pas à changer le nom du CFA en ECO, comme cela se susurre au sein de l’opinion. Il est plutôt question de la création d’une nouvelle monnaie. Et c’est là que le processus devient complexe et prend du temps. Il s’agit de « remplir un certain nombre de conditions qui permettent aux États membres de l’UEMOA qui ont le Franc CFA en commun de reprendre la possession et la gestion de la monnaie qui les unit. Et maintenant, se préparer à remplir les critères de convergences, respecter les principes adoptés pour l’Eco » pour pouvoir intégrer cette zone monétaire lorsqu’elle sera opérationnelle.

Pour le Ministre béninois de la justice, ces paramètres techniques et les différentes étapes qu’il a rappelées sont primordiaux si les pays de l’UEMOA et de la CEDEAO espèrent concrétiser leur rêve de monnaie commune. C’est d’ailleurs pour cela que les différentes échéances de 2015 et 2020 pour l’adoption de l’ECO ont échoué. « Une autre échéance est posée en 2027 et peut-être tiendra-t-elle si nous arrivons à remplir ou si les Etats qui veulent s’arrimer à cette monnaie unique arrivent à remplir un certain nombre de critères de convergence », a prévenu Yvon Détchénou avant de rappeler ces critères aux députés. Ils sont au nombre de quatre et concernent entre autres le déficit budgétaire, la gestion du taux annuel d’inflation, les réserves de change brutes ou encore le financement du déficit budgétaire par la banque centrale.

Ensuite, il y a une lutte interne entre les pays pionniers de la monnaie unique panafricaine pour abriter la banque centrale émettrice sur leurs territoires. C’est le cas, selon les propos des Ministres de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Nigéria. « Il y a encore cette question à trancher pour savoir s’il faut une monnaie unique, comment avoir une banque centrale qui puisse faire, émettre, contrôler, vérifier, promouvoir cette monnaie unique ». C’est donc une nouvelle feuille de route qui est adoptée et en cours d’exécution en ce moment. Celle-ci prévoit la ratification de l’accord de coopération du 21 décembre 2019 par l’ensemble des Etats concernés par le FCFA. Seules la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau et la France l’ont déjà.

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