Pas avec le Togo !, L’éditorial d’Arimi Choubadé

Arimi Choubade L’afriquetocratie vue par les charlatans

La nature les a faits enlacés tous les deux pour la vie, du nord au sud, dans une romance épique. Le Togo c’est le Bénin, vice-versa. Une embrassade géographique, culturelle, cultuelle, existentielle qui a traversé tous les âges, tous les bégaiements historiques et toutes les conjonctures. Les écoliers des deux côtés de la ligne de fracture coloniale connaissent par cœur l’épopée des naissances des royaumes de Porto-Novo, Abomey et Allada (pratiquement tout le sud de l’actuel Bénin) fondés par la légendaire fratrie venue de Tado au centre du Togo actuel.

En 17 ans de révolution dont 15 de marxisme-léninisme pur et dur, jamais de friction entre les 2. Pourtant tout les prédestinait au clash. D’un côté Eyadéma, un des piliers les plus solides de la françafrique, de l’autre Kérékou, l’intrépide rempart contre l’impérialisme français. Mais ils n’ont jamais perdu de vue qu’ils étaient tous natifs de la même région et dirigeants de deux nations jumelles. Les impérialistes qui ont voulu dégager Kérékou en 1977 ont dû aller chercher jusqu’au Gabon et au Maroc pour servir de logistique au mercenaire Bob Denard et compagnie. Soglo qui a pris la relève après la conférence nationale de 1990 ne pouvait faire autrement que de préserver cette fraternité avec Eyadéma en refusant aux opposants togolais de l’époque d’ériger leur base arrière à Cotonou où ils avaient trouvé hospitalité.

L’épisode du choix de Cotonou pour abriter en 2000 les accords de Cotonou entre l’Union Européenne et les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique est encore frais dans les mémoires. Dès 1975, tous les 2 ans Lomé était devenu la capitale de CEE-ACP (Lomé 1, 2, 3, 4…). Puis en 2000, il fallait passer à un accord global sur 20 ans. Lomé ne répondait plus aux critères de démocratie et de stabilité notamment avec la crise inter togolaise et les sanctions de l’UE. Les organisateurs avaient choisi Cotonou pour suppléer Lomé. Une offre que Kérékou, revenu au pouvoir en 1996, avait catégoriquement repoussé. Pas question pour le Bénin d’évincer le Togo même pour des milliards de FCFA. Un pays du Pacifique ou d’Asie présenti s’est malheureusement ou heureusement disqualifié après un coup d’État qui y est survenu. C’est ainsi que Cotonou a dû reprendre la main à son corps défendant. Mais l’attachement à la fraternité congénitale Togo-Benin était sauf.

C’est plus que nécessaire d’évoquer ici les éruptions politiciennes qui ont déversé régulièrement des togolais sur la route de l’exil vers le Bénin ; vice-versa”. Allusion à la période sombre de la fin de la révolution où écoles, banques et administration étaient fermées au Bénin poussant les plus nantis à inscrire leurs enfants dans des écoles à Lomé tout en y domiciliant leurs avoirs bancaires. Ensuite, il y a eu les camps de réfugiés à Kpomassè puis à Lokossa dans le Bénin suite aux affrontements au lendemain de la conférence nationale togolaise et à l’arrivée de Faure au pouvoir en 2005.

La saga autour du kidnapping de Lomé est malsaine, inutile et insipide pour tous les protagonistes. Ce qui s’annonce entre les deux pays risque d’avoir des conséquences cataclysmiques sur la coopération judiciaire dans la sous-région et les relations diplomatiques entre ces deux pays “collés cimentés” par tout ce qui précède. La solution négociée convient mieux que la chienlit actuellement en cours…

Encore une fois, pas avec le Togo !

Article précédent

Enlèvement de Steve Amoussou à Lomé : ENTRE LOMÉ ET COTONOU, LA ‘’GUERRE’’ EST OUVERTE

Article suivant

Bénin – Niger : Ce qu’augure la reprise des exportations du pétrole nigérien

You might be interested in …