Les représentants syndicaux qui ont participé à la rencontre du mari 26 avril dernier avec le chef de l’Etat, n’en reviennent pas. En lieu et place d’annonces concrètes au sujet de sa promesse de revalorisation de leurs salaires, le président Talon s’est empêtré dans d’étonnantes polémiques qu’il a créées lui-même.
Tout au long de la séance, le gouvernement et son chef n’ont pas été en mesure de dire aux syndicats les pourcentages d’augmentation des salaires. Au contraire, on leur demande plutôt d’aller encore réfléchir pour revenir avec de nouvelles propositions qui prendraient éventuellement effet à partir de 2023. Pourtant, c’est délibérément, et sans aucune espèce de contrainte que le chef de l’État qui s’est renouvelé son mandat dans les conditions qu’on sait, a annoncé en décembre 2021, devant ses députés une cagnotte de plus de 400 milliards devant servir à la revalorisation des salaires et au social en général pour l’année 2022. Et si depuis cinq mois, l’on n’est toujours pas en mesure d’augmenter les salaires, c’est simplement parce que, comme presque toutes ses promesses mielleuses faites aux béninois depuis 2016, le gouvernement n’a jamais cru à une revalorisation salariale, encore moins à un programme social.
Preuve supplémentaire de ce marché de dupes imposé aux travailleurs, les commentaires du chef de l’Etat sur le pourcentage d’augmentation des salaires. Je le cite : « Est-ce qu’on peut augmenter les salaires dans les mêmes proportions pour tout le monde ? Est-ce que celui qui gagne 1 million va être augmenté dans les mêmes proportions que celui qui gagne 70 milles ? La revalorisation qu’on veut faire, est-ce qu’il ne faut pas différencier cela sérieusement ? » C’est la réflexion à laquelle il a invité les syndicats, prouvant s’il en est encore besoin, que ni lui, ni personne au niveau de son gouvernement, n’avaient préalablement réfléchi à la question. Les 400 milliards pompeusement annoncés cinq mois plus tôt étaient donc fantaisistes, peut-être même populistes. Dans ces conditions, les doutes sur l’état réel de nos finances et la capacité du gouvernement à tenir ses engagements deviennent d’autant plus légitimes.
Il faut l’écouter sur le traitement des aspirants aux métiers de l’enseignement, pour s’en convaincre. Alors qu’officiellement notre économie et nos finances publiques ne se seraient jamais aussi bien portées que depuis que le diplômé de Harvard est aux commandes, et que le béninois n’avait jamais autant payé de taxe et d’impôt dans sa vie, le gouvernement s’est publiquement posé la question de savoir s’il allait pouvoir payer aux apirants 12 mois de salaire par an sans réduire la cagnotte prévue pour la revalorisation de salaires des autres fonctionnaires. Ce qui signifie que le sort des aspirants n’était même pas à l’ordre des jours des 400 milliards annoncés dans le discours sur l’état de la Nation.
Et pour faire diversion, Patrice Talon fera part à son auditoire de sa désapprobation du projet de mise en place d’une pension de retraite pour les députés. Des députés que “nous” aurions « élus pour qu’ils prennent l’initiative des lois ». Et cette séquence, la toile se la partage massivement pour s’en moquer. Un des délégués syndicaux ayant participé à la séance m’a confié qu’il a dû réprimer un rire quand le chef de l’État a eu prononcé ces paroles. Le Président Talon est en effet persuadé que tout le monde avait déjà oublié les conditions meurtrières dans lesquelles il a mis en place son parlement en avril et mai 2019. Il a est persuadé que nous avons oublié le tour de passe-passe auquel il s’est livré avec son avocat Joseph Fifamin Djogbenou devenu président de la cour constitutionnelle et Saca Lafia son ministre de l’intérieur. Il est sûr que nous avons oublié les ordres que son administration a donnés aux forces armées face aux manifestants qui s’opposaient à l’exclusion de l’opposition de ces élections. Les enfants de Prudence Amoussou, les nombreux compatriotes qui ont dû partir en exile ou qui croupissent encore en prison apprécieront.
Mais sur les pensions politiques Patrice Talon veut bien faire une exception pour les anciens présidents d’institution notamment les anciens président de la république qui selon lui « continuent de représenter le pays même après la fin de leurs fonctions ». C’est pourtant lui qui aura fait gazer deux de ses prédécesseurs en pleine rue, et assigné Boni Yayi à domicile pendant près de deux mois, menaçant de le laisser mourir de faim et de maladie, pour la simple raison qu’ils se sont opposés à son projet de parlement monocolore.
𝘾̧𝙖 𝙢𝙚 𝙙𝙚́𝙧𝙖𝙣𝙜𝙚 𝙙𝙚 𝙙𝙚𝙫𝙤𝙞𝙧 𝙡𝙚 𝙙𝙞𝙧𝙚, 𝙢𝙖𝙞𝙨 𝙋𝙖𝙩𝙧𝙞𝙘𝙚 𝙏𝙖𝙡𝙤𝙣 𝙣𝙚 𝙥𝙧𝙤𝙢𝙚𝙩 𝙦𝙪𝙚 𝙘𝙚 𝙦𝙪’𝙞𝙡 𝙚𝙨𝙩 𝙨𝙪̂𝙧 𝙙𝙚 𝙣𝙚 𝙥𝙖𝙨 𝙛𝙖𝙞𝙧𝙚.