L’éditorial d’Arimi Choubadé
Aucun ministre, aucun député, aucun maire, aucun parti politique, personne du système pour revendiquer, pour le moment, une quelconque proximité avec Olivier Boko – à l’exception notable de cette responsable d’un des partis du pouvoir qui a osé lui adresser un petit message d’anniversaire sur sa page Facebook, à ses risques et périls. La légende le présentait comme l’inspirateur principal du régime de la rupture au pouvoir depuis 2016, le meilleur ami du grand patron (ce dernier ne s’en cache d’ailleurs pas) avant que le procureur spécial de la CRIET ne le révèle au cours de sa sortie médiatique du 24 septembre 2024 comme le pire ennemi ayant visé Patrice Talon d’une tentative de coup d’État voire d’assassinat. Depuis, c’est toujours le grand mystère à propos de la réelle influence du mis en cause sur la galaxie “rupture”.
Il a fallu le seul en scène de l’ancien journaliste reconverti en soutien d’Olivier Boko, Jean-Eudes Mitokpè, pour briser la glace. Là encore, ce fut plus un acte aussi isolé qu’une mayonnaise entraînante. À peine si la machine à répliques du palais s’est vraiment occupée de ce cas. Rien à voir avec l’entreprise de démolition enclenchée contre l’ancien président de la Cour suprême, Ousmane Batoko. Ce dernier s’étant pourtant gardé de ne pas s’étendre outre mesure sur la question de tentative de coup d’État pour ne se concentrer que sur le code électoral de tous les dangers et du climat de terreur qui règne sur la cité. Il considère d’ailleurs l’évocation de l’existence d’une tentative de coup d’État comme l’expression d’une faillite généralisée du Bénin d’après conférence nationale. La suite se passe de commentaires (regards tournés vers Gbadamassi et compagnie).
D’une manière générale, l’affaire OB passionne très peu. Tout le contraire de l’engouement au-delà même des frontières des phénomènes Reckya Madougou et Joël Aïvo. Les élans de solidarité envers ces deux personnalités conservent toujours ce grand intérêt au sein de l’opinion nationale et internationale près de 4 ans après leur embastillement en marge de la présidentielle de 2021. À titre anecdotique, le testament politique de l’ancienne doyenne de l’Assemblée nationale, Rosine Vieyra-Soglo, résonne encore dans les tympans : “Je les poursuivrai depuis ma tombe. Tiens bon, ma fille Reckya !”.
Il reste à trouver l’alchimie capable de différencier Olivier Boko de Patrice Talon. Les Béninois dans leur grande majorité ne parviennent toujours pas à identifier des signes pouvant leur permettre de trancher entre les deux amis. Les gars d’OB eux-mêmes éprouvent une certaine gêne à se distinguer de l’ami devenu le bourreau. Au plus fort de son audacieuse impertinence, Jean-Eudes Mitokpè s’est fixé une limite très stricte à propos d’éventuelles malversations. Il a abondamment parlé du massacre des règles démocratiques et de violations massives des droits de l’homme. Motus et bouche cousue en revanche en ce qui concerne la captation des marchés publics et la main basse sur le trésor national.
Chacun sait jusqu’où il ne faut pas oser aller…