On tue, on efface et on recommence ?

Patrice Talon veut-il enfin la paix ?

L’éditorial d’Arimi Choubadé

Les députés LD n’en croient toujours pas leurs tympans. Après ce qu’ils auraient entendu ce 22 janvier 2023 de Patrice Talon au palais de la Marina. À comparer au discours de décembre 2023, cette fois-ci c’est hors micro et caméra, une grande première. Depuis lors, Nouréini Atchadé et ses compagnons usent leurs cordes vocales à rappeler ce qu’ils auraient entendu là-bas. Patrice Talon aurait brandi le mouchoir blanc en signe de bonne foi vis-à-vis de ses hôtes. Au menu : reprise d’un dialogue effectif entre partisans et adversaires du régime autour d’une révision consensuelle de la constitution en vue de se conformer à une décision de la cour constitutionnelle au sujet de la légitimité des parrainages de candidatures à la présidentielle de 2026. Rien que ça.

Bien que l’opération pue l’arnaque à plein nez, il faut reconnaître que la démarche tranche singulièrement avec tout ce qu’on a connu jusque-là depuis 2016. D’abord les propos de Talon étaient hors micro et caméras. Le reportage que ses propres adversaires en font l’exonère à tout point de vue de toute condescendance, arrogance du vainqueur ou leçon de morale. Il est plutôt présenté comme le pacificateur décidé à remettre le pays en paix telle qu’il l’a héritée de son prédécesseur. Très intéressant !

Pour une fois, il y a lieu de faire chorus autour de cet hymne à une nation réconciliée avec elle. Cependant, cela n’exclut pas le rappel de quelques préalables inéluctables à la remise en place d’une paix volontairement compromise au nom du passage en force de réformes crisogènes. Maintenant qu’il semble prêt à écouter les autres, il urge de lui rappeler que nombreux Béninois ont péri à l’occasion et méritent que les âmes soient apaisées. Les autres conditions passent par un rééquilibrage des institutions. La cour constitutionnelle ou la Cena sont contrôlées à 100% par le camp au pouvoir. Leur confier le processus d’élections générales de 2026 sans aucune représentativité des opposants relève d’une abomination convenue.

Fautes mineures, résultats bureau de vote par bureau de vote déclarés caducs avant proclamation, fraudes à ciel ouvert suffisent à ramener un parlement de type nord-coréen et enlever aux opposants toute capacité de désigner des parrains de candidats en 2026. Une fois un accord trouvé et la révision constitutionnelle consommée, l’opposition ne dispose plus d’aucun répondant dans les institutions chargées de la suite. Qu’on nous explique le fondement juridique qui permet d’exclure une législature du parrainage de candidatures à la présidentielle sous prétexte que sa période de légitimité serait expirée alors que le mandat court toujours. Dire que cette réforme a été obtenue au prix du sang, de l’exil et de l’emprisonnement de plusieurs compatriotes. Et qu’une loi d’amnistie de 2019 est venue absoudre tous ces crimes. Même pas un office religieux en leur mémoire et déjà on veut remettre ça.

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