L’éditorial de Julien Coovi
En journalisme, les faits sont sacrés, les commentaires libres. La parution n°5 de votre journal le 13 juillet dernier a suscité beaucoup de débats, mais surtout des questions parfois légitimes, souvent incompréhensibles, sur le supposé nouveau positionnement du journal et à travers lui, de son directeur. Nous avions en effet consacré la couverture de cette édition aux mutations observables depuis quelques temps dans la politique étrangère du Bénin. S’il nous fallait des preuves qu’Olofofo était la voix qui manquait au paysage médiatique béninois et sous-régionale, ces réactions qui sont tombées presque aussitôt après les premières diffusions du journal nous en ont fournies de solides. Nous en sommes sincèrement touchés et pouvons vous assurer que nous continuerons de faire de notre mieux pour rester à la hauteur de cette mission si compliquée.
Beaucoup parmi vous ont donc vu dans cette édition un spectaculaire revirement de monsieur Comlan Hugues Sossoukpè en balayant du revers de la main, le temps de la lecture d’une couverture de journal, tout ce qu’il fait et sacrifie sans compter, sans rien attendre en retour depuis bientôt huit ans pour la justice sociale, la justice tout court, la liberté et le rétablissement de la démocratie au Bénin. Ayant personnellement échangé avec un certain nombre de personnes qui ont eu l’humilité de me contacter pour comprendre quelle mouche avait piqué monsieur Sossoukpè, je me suis rendu compte avec tristesse que pas un seul parmi eux n’avait lu ne serait-ce que le quart de l’article querellé avant de se convaincre de ce qu’Olofofo et ses responsables avaient « trahi la lutte ».
Nous avons été sévèrement critiqués depuis la sortie de notre premier numéro par les soutiens du pouvoir béninois, qui nous reprochent d’être un journal exclusivement à charge pour eux, et leurs adversaires nous tombent dessus à bras raccourci à la première couverture non critique pour le pouvoir. C’est bien la preuve que nous faisons bien notre travail.
Ne nous attardons beaucoup sur la légitimité de ces critiques, mais il est important de rappeler une réalité fondamentale sans laquelle ce genre de critique un peu hâtive risquerait de se reproduire. Olofofo n’est pas Comlan Hugues Sossoukpè. Olofofo est un journal. Il n’est pas neutre, loin s’en faut – aucun média ne l’est d’ailleurs – mais notre parti-pris ne nous dispense pas de l’obligation d’objectivité qui est faite à chaque média face aux faits. Dans le cas d’espèce, quelles qu’en soient les raisons et les conséquences pour le chef de l’Etat béninois lui-même, pour son clan, ou pour ses compatriotes, les changements dans la diplomatie béninoise sont un fait difficilement contestable par un média qui se veut sérieux. Olofofo assume son ambition d’être un journal crédible. Nous savons pouvoir compter sur vous, nos chers lecteurs, pour y arriver.
