Le 3 avril 2023, le chef d’Etat béninois, Patrice Talon a procédé à la nomination de la blogueuse camerounaise, Minou Chrys Tayl en tant que cheffe communication et sensibilisation de la lutte contre les violences sexuelle et sexiste de l’Institut national de la Femme (INF) du Bénin. Depuis lors, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer une erreur grave.
Adélaïde Fassinou Allagbada, professeure de lettres à la retraite et écrivaine, et Claude Djankaki, ancien secrétaire général de l’Assemblée nationale, ont dénoncé une légèreté dans la promotion valeurs féminines béninoises et la gestion des ressources humaines.
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« J’avoue que j’ai eu mal au cœur lorsque j’ai appris pareille nomination de mon Président P.TALON. Ça repose sur quelle logique ? Parce qu’une gamine joue à l’influenceuse sur les RS dans son pays et que des personnes d’un certain sérail l’ont recommandé à mon Président de la République du Bénin, le pays de Akaba, Bio Guera, Gbéhanzin et tant d’autres on va la nommer pour venir défendre nos droits dans ce pays des agodjiés ! Naga l’amazone de Ghézo va se retourner dans sa tombe.
Depuis des années, ma fille Angela Kpeidja se bat sur ce chantier. Elle a pris notre relève. On se connait nous femmes battantes pour la promotion des femmes. Même si tout le monde n’a pas été ministre.
Allez consulter les archives et vous lirez mes articles des années 80 où je militaire aux côtés de Mmes Aurore d’Almeida, Rafiatou KARIMOU et toute la cohorte des femmes OFRB…J’étais encore à l’université. Et on se réunissait pour refaire le monde des femmes dans notre pays chez Mme Aurore d’Almeida à l’Etoile rouge. Je m’en souviens comme si c’était hier…Ahhh ! Que d’énergie dépensée ! Gaspillée ? Non ! Je ne pense pas. L’histoire suit son cours… Même si parfois, nos gouvernants cherchent parfois à la faire bégayer…
Comme l’a si bien dit Mr ZANNOU dans quelle langue elle apprendra la vérité des faits qui se sont passés dans les familles, dans les couples? Que connait-elle de notre sociologie au Bénin? Les violences faites aux femmes, VFF ne se passent pas sur les réseaux sociaux.
Ce sont des drames qui se vivent au quotidien et quand la fumée blanche apparaît, souvent on assiste à l’acte final. Pour le respect que je dois à mon Président, qui propose qui à quoi dans la République ? Moi je ne comprends plus rien !
On m’interpelle…Ah oui, c’est toi la Rupturienne… Viens nous expliquer ci ou ça ! Je suis dépassée et n’ai pas de réponse. Pardon, ayez pitié des âmes de nos aînées qui se sont battues pour que ce pays soit arrivé à ce niveau d’évolution dans le domaine des droits des femmes. Zannou a cité Ayemona, la liste est longue. On a des valeurs féminines du passé, du présent et en devenir. Une Camerounaise n’a rien à nous apporter, je suis désolée. J’ai pris trop de risques pour dénoncer la mauvaise gouvernance dans mon pays depuis Kerekou 1, pour ne pas le dire cette fois-ci encore.
Si notre Président veut vraiment qu’on le porte en triomphe à la fin de son mandat, alors qu’il écoute nos cris de cœur, nous les agodjiés de ce pays. Jamais moi, la petite fille d’Akaba je ne lui mentirai. Jamais ! Je ne trahirai le serment fait d’aimer ce pays et son peuple jusqu’à ma mort. Je n’en ai pas d’autres. Et nous sommes nombreux qui aimons véritablement ce pays. Et en sommes fiers, très fiers…En un mois, j’ai constaté à l’aéroport de Cotonou des progrès extraordinaires. A chacun de mes passages, je vous et je compare à d’autres aéroports. Si ce n’est pas l’exiguïté de notre aéroport, nous n’avons rien à envier aux grands pays…Tout est propre, rutilant, étincelant. Le service de qualité très amélioré… Des exemples similaires dans maints domaines, il y en a pas mal. Et c’est pourquoi, nous avons le devoir de dire là où ça ne va pas.
Je ne suis guidée par aucun esprit malfaisant ni employée par quelque opposant. Je ne me mêle pas de politique. Mon parti c’est le Bénin. La patrie ou la mort, nous vaincrons ! ».
Claude Djankaki est allé dans le même sens qu’Adélaïde Fassinou Allagbada.
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« Effectivement cette nomination contraste avec l’érection de la géante statue des amazones sise derrière la Présidence de la République.
L’on n’écrit pas l’histoire d’un peuple avec une gomme à la main.
Je suis profondément abattu par ce cri de cœur de ma compatriote Adélaïde, même si certains thuriféraires éhontés venaient à justifier l’injustifiable.
Certes, certains dahoméens ou béninois ont exercé des hautes fonctions au Tchad, en Centrafrique, en Côte d’Ivoire, au Gabon et, que sais-je encore ? C’est en cela que je m’inspire de Voltaire pour illustrer la problématique.
“On doit des égards aux vivants, on ne doit aux morts que la vérité”,ceux qui avancent sur les ponts du présent ont une dette de vérité envers le passé.
Le Dahomey devenu récemment Bénin en 1975 avait un nom: le quartier latin de l’Afrique.
C’est à ce titre que toute l’Afrique cherchait à en faire une caution morale dans les actes.
C’est ce contexte qui a d’abord favorisé le recrutement massif des dahoméens pour enseigner dans les établissements secondaires et supérieurs de bon nombre de ces pays d’Afrique.
Comparaison n’est donc pas raison dit-on.
L’on ne saurait auditer valablement un pays ou une entreprise sans tenir compte des contextes qui ont prévalu dans le temps, de l’existant et de l’organigramme réel.
Tous les auditeurs qui se précipitent tête baissée sur l’organigramme officiel sans tenir compte de l’organigramme réel se cassent généralement la figure.
Que nous rapportent réellement ces cas de gestion importée ?
Quel bilan pouvons-nous faire de la SBEE, le port, etc ?
La fréquence des coupures d’électricité et des factures a-t-elle réellement dimunié?
La notion de bénéfice n’a telle pas une sanction comptable ?
La gestion des affaires nationales doit être basée sur le mieux être des populations et non des dividendes à partager aux associés en terme de bénéfice.
J’ai aussi pris trop risques par le passé en jouant à l’éveil des consciences dans les associations de jeunesse (JESPA jeunesse estudiantine de la Sous-préfecture d’Allada,qui regroupait Tori, Toffo et Zè jusqu’en 1978, UGEED. union générale des élèves et étudiants du Dahomey. )
C’est l’occasion de rendre un vibrant hommage aux camarades Narcisse Djegui, Luc Agnankpé, Polycarpe Ouinsou,etc.
Quand je me rappelle du combat des amazones Gisèle Adissoda, maître Hélène Aholou Kèkè et bien d’autres, à la conférence nationale, les bras m’en tombent sur cette nomination.
Disons que l’erreur est humaine et que nos autorités ont une interprétation erronée de l’histoire politique, économique et sociale de notre pays.
Le mieux aurait été de prêter une oreille attentive à ceux qui viennent rappeler les expériences du passé si le Chef de l’État tenait vraiment à se faire porter en triomphe à la fin de ses mandats ».
Cette polémique survient après celle liée à la nomination des Rwandais, Pascal Nyamulinda et Richard Dada respectivement à la tête de l’Agence nationale d’identification des personnes (Anip) et l’Agence nationale de transport terrestre (Anatt).