Potentiellement riche en pétrole, le géant africain souffre pourtant de la mauvaise qualité de son système d’exploitation mais aussi des actes de siphonnage des oléoducs. Le préjudice est estimé en dix ans à environ 42 milliards d’euros, 27 mille 555 milliards de francs CFA.
Par Julien Coovi
Les conclusions du rapport de l’Initiative nigériane pour la transparence des industries extractives donnent froid dans le dos : 619,7 millions de barils de brut. Ce sont les pertes qu’a enregistrées le Nigeria entre 2009 et 2020. En valeur brut, 42 milliards d’euros. Sur cette période de onze ans, analyse l’Initiative nigériane pour la transparence des industries extractives, et Neiti, une instance gouvernementale de contrôle du secteur des hydrocarbures, directement rattachée à la présidence de la république, “la valeur totale des pertes brutes entre 2009 et 2020 est supérieure au montant des réserves de change du pays”.
Outre ces chiffres édifiants et déjà faramineux, le site nigérian Vanguard Nigeria ajoute que le géant pétrolier d’Afrique de l’Ouest a perdu également 4,2 milliards de litres de produits pétroliers raffinés, évalués à 1,84 milliard de dollars, entre 2009 et 2018.
Le Nigeria est un pays riche en pétrole, avec une capacité productive de 1,249 million de barils de pétrole par jour. Le pays est donc, théoriquement, le principal producteur de pétrole en Afrique, dépassant la Libye et l’Angola. En outre, en termes de réserves, avec environ 5 663 milliards de mètres cubes, le Nigeria possède la plus grande réserve de gaz en Afrique et la neuvième plus grande du monde.
Mais la production du pays est lourdement plombée par ces pertes dues à des vols et fuites qui font peser, “une grave menace sur l’exploration et l’exploitation du pétrole”. Une menace d’autant plus grave qu’en 2021 l’industrie pétrolière et gazière est de loin la plus importante du pays. Elle représentait 72,26 % des exportations du Nigeria, fournissait 40,55 % des recettes publiques et employait 19 171 personnes.
Les pertes économiques qui en résultent ont d’énormes conséquences négatives sur la croissance économique, les perspectives commerciales et les bénéfices des compagnies pétrolières”, tout comme sur les services de l’État, tels le réseau routier, les hôpitaux fonctionnels, l’éducation de qualité et la création d’emplois pour les citoyens.
Plus grave, le Vanguard Nigeria fait un lien entre ces pertes sèches pour l’économie du pays et l’”incapacité” du pays à nourrir sa population de 200 millions de personnes en raison de la fuite de millions de barils de pétrole due à la vandalisation des oléoducs par des voleurs de brut ou encore à l’insécurité qui règne dans la région pétrolifère du delta du Niger.
Une situation que déplore le média nigérian, notant que le gouvernement fédéral n’a jamais poursuivi les personnes impliquées dans “le crime odieux de saboter l’économie de la nation”.