Il est resté très discret sur la crise qui frappe son pays depuis le 26 juillet dernier. Sauf une brève apparition aux côtés du « médiateur » Mahamat Débi Itno dépêché à Niamey deux jours après le putsch, l’ancien président Mouhamadou Issoufou n’a presque pas été vu et pas du tout été entendu sur le coup d’Etat. Il a pourtant joué un rôle décisif dans les événements qui ont poussé le général Tchiani à s’emparer du pouvoir.
Selon des sources bien introduites auprès du gouvernement nigérien, c’est la trop grande présence de l’ancien président dans l’appareil de l’Etat, et sa volonté de peser sur les décisions de son successeur qui auraient amené la crise. Les relations entre les deux hommes se sont graduellement dégradées ces derniers mois dans le cadre de la nomination de certains cadres du PNDS (le parti présidentiel) à des fonctions stratégiques au sein de l’appareil d’Etat. Parmi eux, le poste de Premier ministre que Mouhamadou Issoufou verrait bien son fils occuper et que le président Bazoum aurait réservé à une autre personnalité de la région d’origine de Tawa (la région de son prédécesseur) et qui, de surcroît, serait même un prince. Une proposition que Mouhamadou Issoufou aurait prise pour une provocation, vu que la montée de ce prince pourrait remettre en cause son influence politique sur la région. Mais le choix du président Issoufou n’est pas davantage du goût de Mohamed Bazoum. Comme beaucoup de membres du PNDS, le n°1 nigérien estime que l’enfant de son prédécesseur était déjà assez cher « payé » pour son poste de ministre des mines et du pétrole. Un ministère stratégique dans un pays vivant presque uniquement de ses royalties sur l’exploitation de ses mines d’uranium, de pétrole ou d’or et qu’il a pourtant consenti à confier à un jeune homme sans expérience.
C’est ce sujet qui était en débat la nuit du 25 au 26 juillet au palais de la République, quand survint le coup d’état. Ministre de l’intérieur pendant de longues années puis premier ministre, Mohamed Bazoum a été coopté à la tête de l’Etat nigérien, et sa désignation a été entérinée par une élection controversée.