Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) du Niger a annoncé le 16 mars 2024, la rupture « avec effet immédiat » de sa coopération militaire avec les États-Unis, en vigueur depuis 2012. Cette rupture intervient peu après la visite de hauts responsables américains à Niamey. La junte nigérienne dénonce les procédures diplomatiques employées par Washington.
Dégradation des relations entre Washington et Niamey peu de temps après une timide reprise de la coopération
Après avoir montré la porte à la France, le Niger étend sa nouvelle politique aux États-Unis. « Le gouvernement du Niger, prenant en compte les aspirations et les intérêts de son peuple, décide en toute responsabilité de dénoncer avec effet immédiat l’accord relatif au statut du personnel militaire des États-Unis et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire du Niger », a indiqué un communiqué du CNSP lu à la télévision nationale par le porte-parole du gouvernement nigérien, Amadou Abdramane. Selon les militaires au pouvoir au Niger, la présence militaire américaine est « illégale » et « viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques ».
Une délégation américaine, conduite par la secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines Molly Phee, était à Niamey les 12, 13 et 14 mars 2024 où elle a échangé avec plusieurs responsables nigériens dont le Premier ministre Ali Mahaman Lamime Zeine. Le CNSP relève un tas d’incohérences dans la démarche de la partie américaine. D’abord, « l’arrivée de la délégation américaine n’a pas respecté les usages diplomatiques », indique le communiqué qui précise que « c’est de façon unilatérale et de façon verbale que le gouvernement américain a informé le gouvernement nigérien de la date d’arrivée et de la composition de sa délégation ainsi que les autorités nigériennes à rencontrer sans précision aucune quant à l’objet de sa visite ». Selon le gouvernement nigérien, l’accord militaire entre les deux pays a été « imposé unilatéralement » par les États-Unis, via une « simple note verbale », le 6 juillet 2012, chose qui viole la souveraineté de la République du Niger. Le CNSP dénonce également des activités ‘’illégales’’ menées par des bases militaires américaines au Niger.
Au cours des échanges entre la délégation américaine et la partie nigérienne, « le gouvernement du Niger regrette la volonté de la délégation américaine de dénier au peuple nigérien souverain, le droit de choisir ses partenaires et les types de partenariat à même de l’aider à lutter véritablement contre le terrorisme alors même que les États-Unis d’Amérique ont décidé unilatéralement de suspendre toute coopération entre nos deux pays ». Par ailleurs, le Niger « dénonce avec force, l’habitude condescendance, assortie de la menace de représailles de la part de la cheffe de la délégation américaine vis-à-vis du gouvernement et du peuple nigérien ».
Le Niger se tourne vers de nouveaux partenaires. Le régime militaire a évoqué un rapprochement avec ses voisins également gouvernés par des militaires, le Burkina Faso et le Mali, ainsi qu’avec des pays comme l’Iran ou la Russie.