Le 28 juillet 2024, le gouvernement français a officiellement reconnu le massacre de Thiaroye de 1944, où plusieurs tirailleurs ont été exécutés par l’armée française. Cet aveu intervient dans le cadre des commémorations des 80 ans de la Libération de la France et a suscité une réaction vive du Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko. Ce dernier critique la démarche française et appelle à une réévaluation des méthodes de reconnaissance et de réparation.
Le massacre de Thiaroye est un épisode sombre de l’histoire coloniale française. Le 1er décembre 1944, des tirailleurs sénégalais, rapatriés après avoir combattu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, ont été exécutés par l’armée française dans le camp de Thiaroye, près de Dakar. Ces soldats réclamaient le paiement de leurs soldes et de meilleures conditions de vie. Selon des sources officielles françaises, 35 tirailleurs ont été tués, mais des historiens estiment que ce chiffre est sous-évalué.
Dans le cadre des commémorations des 80 ans de la Libération de la France, le gouvernement français a annoncé que six de ces tirailleurs ont été reconnus « morts pour la France ». Cette reconnaissance, annoncée par le secrétariat d’État français chargé des anciens combattants, vise à honorer la mémoire de ces soldats africains et à reconnaître leur sacrifice.
La reconnaissance française a provoqué une réaction vigoureuse du Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko. Dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux, Sonko a critiqué la démarche française, estimant qu’elle ne reflète pas adéquatement l’ampleur du massacre et le besoin de réparations justes. Sonko a écrit sur sa page Facebook : « Nous demandons au gouvernement français de revoir ses méthodes, car les temps ont changé ! D’aucuns ont salué comme une grande avancée la décision des autorités françaises d’accorder leur reconnaissance à six des soldats africains froidement abattus en 1944 au camp de Thiaroye par l’armée française. Une reconnaissance qui consiste à leur attribuer, à titre posthume, l’étiquette mort pour la France. Pourquoi cette subite prise de conscience alors que le Sénégal s’apprête à donner un nouveau sens à ce douloureux souvenir, avec la célébration du 80e anniversaire cette année ? ». Il ajoute : « Je tiens à rappeler à la France qu’elle ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d’histoire tragique. Ce n’est pas à elle de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu’ils méritent. Thiaroye 44, comme tout le reste, sera remémoré autrement désormais. »