Le Général d’Armée, Assimi Goïta, chef de la junte au pouvoir au Mali depuis 2020, se voit proposer un mandat de cinq (5) ans, ‘’avec possibilité de renouvellement.’’ Ainsi en a décidé la consultation nationale tenue les 28 et 29 avril 2025, réunissant les forces vives du Mali et une partie de la diaspora dont l’objectif était de redéfinir les contours du système politique malien depuis l’indépendance à ce jour.
La consultation nationale tenue du 28 au 29 avril 2025, par les forces vives du Mali et une partie de la diaspora, a accouché des propositions on ne peut plus radicales qui pourraient, à la longue, susciter profondément des répercussions sociales et institutionnelles.
En effet, au cœur de ces assises sous la direction du Premier Ministre, les délégués avaient pour mission la révision de la charte des partis politiques, le système de gouvernance et de la stabilité nationale, afin de proposer des réformes structurelles à l’endroit du gouvernement. Au nombre de ces réformes, on note une proposition phare qui retient déjà l’attention de l’opinion publique nationale et celle internationale. Il s’agit de l’établissement d’un mandat présidentiel de cinq (5) ans au Général d’Armée Assimi Goïta, chef de la junte militaire au pouvoir depuis 2020, avec possibilité de renouvellement.
Rallonger un mandat de transition au nom de la stabilité sécuritaire
Cette proposition est loin d’être anodine. Comme on peut le constater, elle s’inscrit dans une volonté manifeste de s’aligner sur une pratique déjà inaugurée au Niger, à l’issue des assises nationales, où le chef de junte s’est vu octroyer un mandat de cinq (5) au nom de la stabilité sécuritaire dans ce pays. Une pratique donc en vigueur au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger qui ont décidé de tout faire en commun. Même l’hymne national sera commun aux trois (3) Etats.
Malheureusement, une autre recommandation retenue par cette consultation qui risque de faire grincer les dents, c’est la dissolution pure et simple de tous les partis politiques existants au Mali. Ils sont accusés, par les délégués, de clientélisme et taxés d’inefficaces face aux problèmes sociaux. La consultation propose donc la création de nouvelles formations politiques qui seront conditionnées à une caution de cent (100) millions de francs Cfa. De même, le financement public des partis politique serait supprimé, tout comme le statut de chef de file de l’opposition, inscrit dans la loi depuis 2015. Une autre mesure significative prise lors de cette consultation nationale, l’interdiction du nomadisme politique. Cette interdiction est désormais étendue aux postes nominatifs, dans une tentative de restaurer la discipline et la cohérence dans les institutions.
L’élection présidentielle en sursis…
Cette consultation propose de repousser la tenue de l’élection présidentielle « jusqu’à la stabilisation du pays ». Une décision qui, si elle est entérinée par le gouvernement, entraînerait de facto le maintien de la junte au pouvoir pour une durée indéterminée. Mieux, selon la recommandation liée à la question de l’élection présidentielle, le scrutin se déroulera en un seul tour, avec un dépôt de caution s’élevant à 250 millions de francs Cfa pour les candidats. Une manière de restreindre considérablement l’accès à la course présidentielle, à en croire les voix qui s’élèvent déjà en coulisse.
Face à ces recommandations, la classe politique malienne, déjà marginalisée depuis le coup d’État de 2021, est vent debout et monte au créneau. Plusieurs partis dénoncent une tentative de confiscation du pouvoir par ‘’des moyens pseudo-légaux’’ déployés par la junte. Des appels à la mobilisation citoyenne ne tarderont pas à émerger les jours à venir, même si les capacités d’organisation sont extrêmement limitées dans un contexte de surveillance renforcée et de restrictions des libertés publiques.