Les tensions politiques persistent au Tchad alors que l’opposant Yaya Dillo Djerou Betchi est confronté à l’expulsion de sa maison, officiellement réaffectée aux services du ministère de la Sécurité publique. Les partisans de Dillo dénoncent cette action comme un acharnement contre leur leader.
Les éléments de la Police tchadienne ont encerclé la maison de Yaya Dillo Djerou Betchi, opposant politique et président du parti socialiste sans frontières (PSF), le 1er juin 2023. Sa résidence, située dans le quartier Ardep-djoumbal du 3e arrondissement de N’Djamena, est en fait une propriété appartenant à l’État, récemment réaffectée aux services du ministère de la Sécurité publique. Cette action découle d’un courrier envoyé à Yaya Dillo par le ministre secrétaire général du gouvernement fin avril, l’enjoignant de libérer les lieux dans un délai de deux semaines.
Du côté du PSF, cette expulsion imminente est perçue comme un acharnement délibéré contre leur président. Considéré comme un opposant virulent envers les autorités de transition, Yaya Dillo est devenu une cible de choix pour la junte au pouvoir. Gam Robert, secrétaire général du PSF, a déclaré lors d’une communication officielle : « Comment imaginer que pour avoir émis un point de vue qui n’est pas favorable à la junte, il subit tout cela. La junte est dans son plan de faire taire les opposants les plus sérieux ».
Ce n’est pas la première fois que Yaya Dillo est confronté à des représailles politiques. En mars 2021, sa maison dans le 5e arrondissement a été attaquée par la garde présidentielle. L’opposant avait refusé de se présenter devant le procureur sans une convocation officielle et un mandat dans une affaire de diffamation impliquant l’ex-première dame Hinda Déby Itno. L’attaque avait tragiquement entraîné la mort de cinq personnes, dont la mère de Yaya Dillo. Par la suite, il était entré en clandestinité jusqu’à la mort du président Idriss Déby Itno en avril 2021, moment où il avait pris possession de la maison actuelle de la Cité Lamy.
Les partisans de Yaya Dillo voient dans ces actes une volonté de faire taire les voix dissidentes et de réprimer toute opposition politique significative. Les autorités de transition, quant à elles, affirment que les actions prises à l’encontre de l’opposant sont légitimes et se fondent sur des considérations de sécurité nationale.