La controverse autour de la révision du code électoral n’est pas près de retomber. En attendant que la cour constitutionnelle n’examine la conformité à la constitution de ses nouvelles dispositions, chaque camp étale dans les médias et sur les réseaux sociaux, les arguments qui militent en faveur de ses positions.
Par Julien Coovi
C’est dans ce cadre que l’un des plus proches collaborateurs du président de l’Assemblée Nationale a lâché ce mercredi ce qui pourrait être interprété comme un aveu. Dans une interview parue dans le journal Fraternité de ce 13 mars 2024, Moukaram Badarou, le Directeur Adjoint de Cabinet du président de l’assemblée nationale, a déclaré au sujet du durcissement du système de parrainage pour l’élection présidentielle que « l’objectif visé par la représentation nationale est de sécuriser les positions politiques ». Les amendements au code électoral seraient-ils alors taillés sur mesure ? Absolument pas, répond Augustin Ahouanvoébla, l’un des principaux artisans de cette réforme qui défend à cor et à cris, le caractère « général » des nouvelle dispositions.
Sécuriser les positions, c’est très exactement le principal grief que font l’opposition et la société civile aux deux partis du camp présidentiel. Il leur est reproché, à travers cette réforme, de vouloir confisquer le pouvoir, en accentuant les mécanismes de privatisation de la vie politique et d’exclusion des partis d’opposition.
Le 5 mars dernier, à l’occasion d’une plénière qui aurait dû servir à corriger le code électoral conformément à la demande de la cour constitutionnelle, l’assemblée nationale outrageusement dominée par les deux partis de la mouvance présidentielle, a durci les conditions d’accès aux fonctions électorales. Déjà dénoncé comme discriminatoire, le seuil d’éligibilité pour les législatives et les communales est passé de 10% des suffrages exprimés au plan national à 20% par circonscription. De même, il faut désormais le soutien de 15% du collège des députés et des maires, recueillis dans au moins 3/5 des circonscriptions, ainsi que le soutien de leurs partis politiques pour prétendre valider sa candidature à l’élection présidentielle. La norme qui n’était que de 10% des députés et maires, avait eu pour conséquence l’exclusion de la présidentielle de 2021, de tous les candidats sérieux de l’opposition.