Autant l’opération gambienne de 2017 à été une ballade de santé, autant l’intervention au Niger promet d’être un véritable bourbier. Différence de contexte.
Damien Koffi Konan
Tout le monde a encore en mémoire l’effondrement des forces de défense et de sécurité gambiennes en janvier 2017, lorsque les troupes de la CEDEAO, conduites par le Sénégal, ont pénétré le territoire gambien. Comme dans le cas nigérien, les chefs d’état major de la sous-région s’étaient réunis quelques jours auparavant pour retenir le déroulement pratique de cette opération. L’objectif était de déloger le Président Yaya Jammey qui avait reconnu sa défaite aux élections présidentielles avant de faire volte-face. Mais les comparaisons s’arrêtent là.
Taillée uniquement pour assurer la sécurité de président, terroriser la population et réprimer l’opposition, l’armée de Yaya Jammey n’a pas combattu lorsque les militaires sénégalais sous mandat ouest africain ont traversé le fleuve Gambie pour débarquer sur cette petite bande de terre d’à peine 11 300 km2 encastrée dans le territoire sénégalais. De plus, les forces armées gambiennes n’avaient aucune expérience de combat. Au Niger les forces ouest-africaines devront affronter une armée aguerrie aux combats contre le djihadisme et qui peut se reposer sur une population hostile à l’intervention de la CEDEAO, et prête à se battre pour « défendre la souveraineté du Niger », disent-ils. Il n’est donc pas certain que les troupes ouest-africaines soient accueillies en libérateurs.
A tout cela il faudra ajouter le territoire. Le Niger est un immense désert de 1,2 millions de km2, soit 100 fois plus vaste que la Gambie qu’il faudra conquérir, contrôler et sécuriser.