10 novembre 2024

Le compte à rebours dans le populisme ?

Le compte à rebours dans le populisme ?

Réunir les meilleurs enfants aux différents examens scolaires de l’année, au Palais de la présidence, à la veille de la fête nationale, pour se féliciter de ce que l’école serait meilleure désormais au Bénin. Se fondre dans la foule pour serrer des mains anonymes après le défilé du 1er août. Une visite inopinée dans le nouveau marché dit moderne d’Ahouangbo à Porto-Novo avant une apparition surprise à quelques mètres de là, sur le site d’exposition dans le cadre du festival des masques ; populisme ou compte à rebours ?

Arimi Choubadé

L’avant-dernière célèbration de la fête nationale aura eu le mérite de révéler que le Président Talon est un homme très bon, très accessible et très aimable envers son peuple. Il a fallu jusqu’à 9 célébrations du 1er août pour s’en rendre compte. Mieux vaut tard que jamais.

L’école va donc mieux, dixit le chef de l’État en direct à la télé. La palme à la fin des grèves dans les écoles grâce à une loi qui a réduit le droit de grève à presque néant au Bénin. Une prouesse dont se vante le gouvernement béninois sur les grandes rencontres internationales pour inciter les investisseurs ; plus de grèves, fin de la différence entre CDI et CDD. Quel que soit le type de contrat, l’employeur peut licencier aisément à sa guise pour ne payer en tout et pour tout que 3 à 9 mois de dédommagement même en cas de contentieux judiciaire. La réminiscence de notre passé esclavagiste en somme. Toutefois l’école publique qui irait mieux selon Talon n’a pratiquement connu aucun recrutement d’enseignants depuis 8 ans de la maternelle à l’université en passant par le primaire et le secondaire.

Est, néanmoins, apparu un système hybride qui n’est ni du recrutement ni de l’absence de recrutement, à travers ce que le régime désigne par le très poétique nom “aspiranat”. Ainsi, dans le primaire et le secondaire en particulier, sont utilisés un nouveau type d’enseignants appelés les aspirants qui travaillent comme des permanents mais qui sont en fait des saisonniers. Ils sont rembauchés à chaque rentrée scolaire. Ils étaient automatiquement déconnectés dès la fin des cours sans salaires jusqu’à la reprise des cours. En d’autres termes, ils étaient payés 10 mois sur 12 et ceci a duré plusieurs années. C’est cela l’école qui irait mieux selon Talon.

L’autosatisfaction présidentielle à propos de l’école se base peut-être sur les résultats aux différents examens en l’occurrence le Bac puisque le BEPC en particulier n’a pas battu des records cette année. Sauf que c’est toujours l’école privée, celle des riches qui continue de se montrer plus performante que l’école publique bénéficiaire des réformes dont notamment la cessation des grèves. Sans oublier que le régime lui-même est promoteur d’une école privée d’obédience française, de sorte que les critères de l’auto-félicitation du chef de l’État restent encore très flous pour le commun des Béninois.

En janvier 2024, lors d’une audience au palais, il demandait à son grand frère et ami Yayi de l’appeler de temps en temps afin de le féliciter au sujet des bonnes avancées. Yayi ne l’a pas fait ou suffisamment fait. Il s’en charge lui-même au détour des apparitions foraines après le défilé du 1er août, dans un marché dit moderne ou sur un site de festival par exemple. Le début de la fin de régime certainement, avec le concours des chefs de quartier et autres élus locaux désormais très actifs dans la mobilisation des populations partout où devrait passer le chef.

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