L’afriquetocratie vue par les charlatans

Quel drôle d'équipe nationale, ces Écureuils-guépards !

L’Éditorial d’Arimi Choubadé

L’autre disait en 1990 que : « la démocratie est un luxe pour l’Afrique… ». Un pied de nez aux délégués de la conférence nationale originelle de l’hôtel Alédjo de Cotonou réunis pour lancer le nouveau Bénin éreinté par les années de totalitarisme de type stalinien. Commença alors une succession de systèmes politiques en Afrique les uns aussi abracadabrants que les autres jusqu’à l’afriquetocratie selon Macky Sall du 4 février 2013 résultante de mandats bigarrés (tantôt 5 ans, tantôt 7 ans), d’élections de guignols tenus en laisse, de juges lisant le code pénal à l’envers, des tueries de rue, de “bals poussière” en plein parlement. Bref il fallait tout faire pour que l’apocalypse selon saint Chirac puisque s’accomplir.

Mais en réalité ce qui tient lieu de classe politique dans de nombreux pays africains n’a peut-être pas tort d’errer de mandat en mandat sans savoir par quel bout prendre la gestion de leur propre pays. Les discours sur l’authenticité ou la marche identitaire demeurent d’une hypocrisie détonante. Dès qu’un des parvenus s’installe au pouvoir il salue la démocratie mais dès qu’il doit en descendre la démocratie devient satan. D’où la question la plus saugrenue servie à tous les banquets et autres foires de corrompus : c’est quoi la démocratie à l’africaine ? C’est devenu très compliqué d’être analyste politique sur un continent où la thèse du matin peut devenir l’imposture du soir.

Tout le monde est conscient qu’en 1990, le combat des Africains en général, c’était la fin des partis uniques. Un pari largement gagné jusqu’à l’apparition ces dernières années des coups d’État suivi de transition ou de mise entre parenthèses des activités de partis politiques. Mais les putschistes de tous bords savent bien qu’aujourd’hui l’interdiction des partis est difficilement tenable sur la durée partout où ils sévissent. Mais il ne suffit pas d’avoir des partis voire des associations de malfaiteurs formés au trucage des urnes pour se prévaloir d’une démocratie efficiente.

Néanmoins, le générique “démocratie” manque cruellement de contenance sur le continent noir. La démocratie n’est-elle pas une matière politique ? Dans l’impossibilité de la matérialiser dans les actes de gouvernance, il est temps que les pédagogues prennent le relais pour en esquisser les contours ne serait-ce que théoriques dans un premier temps. À côté des écoles d’ingénierie, de médecine, d’informatique doivent également fleurir les instituts de démocratie enseignée aux futurs dirigeants. La manière de construire nos États ne peut-elle pas être insérée dans des règles ou postulats plutôt que d’être l’apanage des seuls charlatans analphabètes en sciences de la démocratie ? Cette matière est trop sérieuse pour être laissé à la porter du premier organisateur de meeting ou corrupteur de fonctionnaire.

Comment faire que les Macky, Talon, Traoré et consorts soient des diplômés en démocratie théorique avant… ?

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