L’éditorial d’Arimi Choubadé
Talon Patrice, Boko Olivier, Azannaï Candide : les 3 conquistadors lancés à l’assaut de l’attelage Yayi-Zinsou en 2016. D’un côté l’affairisme au sommet de l’État assisté d’un philosophe, de l’autre un conglomérat de partis politiques. La devise des premiers cités : “agir, surgir et disparaître”. Même s’il est apparu plus tard un autre projet, plus effroyable, fondé sur l’argent, la ruse et la rage assumés. 9 ans après, le bilan est terrible, jonché de dizaines de cadavres criblés de balles réelles en marge des élections, des milliers de prisonniers, d’exilés, voire de maquisards politiques, dès les législatives de 2019, le début de la tragédie. Pendant que le trio lui-même vole en éclats, chacun balançant par-dessus la palissade toutes les immondices et autres putréfactions enrobées dans un faux projet politique.
Les Béninois savaient le trio en déliquescence depuis un moment, depuis la sortie tonitruante d’Azannai du gouvernement. Le philosophe ne se retrouvait plus dans les galimatias de ces deux comparses dont l’affairisme s’est décuplé une fois aux commandes de l’État, aidés des deux avocats recrutés en cours de route, Joseph Djogbénou et Séverin Quenum. La cassure est intervenue dans la foulée de la première tentative de révision de la constitution en 2017. Même si au départ de cette cassure, on pouvait soupçonner une ruse sous-jacente entre coquins d’autant plus que le démissionnaire dégainait à tout-va aussi bien sur la talonnie mais également sur Yayi et les autres opposants
Mais 2025 aura été le glas de la retenue et des manières polies. Désormais tout est lâché sur la place publique. Janvier, c’est le procès essentiellement nourri au seul témoignage du colonel-taupe, le seul officier approché par les conjurés. Beaucoup de milliards pour, soi-disant, déstabiliser le régime ; le coup de filet s’est soldé par la condamnation de l’ami Olivier à 20 ans de prison, de même que le coursier de luxe du régime, Oswald, et le beau-frère du premier, Rock. Ce n’était que le début du spectacle. Car un peu plus d’un mois plus tard, à la mi-mars, en plein mois de pénitence pour chrétiens et musulmans, le boss lui-même déballe tout dans une interview, dans le journal Jeune-Afrique. Le Bénin apprend avec stupéfaction que le “frère est devenu un monstre”. (Excusez la pestilence de ce passage).
Fin mars, c’est l’averse par le truchement d’une sortie médiatique de Candide Azannaï aux allures d’un bilan au vitriol de la décennie Talon au pouvoir. Cette fois-ci, c’est officiel : Talon n’est plus avec les 2 amis avec lesquels il est arrivé au pouvoir. Quoi qu’on dise, Azannaï était incontestablement la caution politique et intellectuelle du triangle. Il était député en 2006 lorsque Talon l’avait sollicité pour porter Yayi au pouvoir. Son ancrage dans le Cotonou populeux a permis de lézarder la citadelle de la Renaissance du Bénin qui avait investi Lehady en remplacement de Nicéphore admis à la retraite politique. Mais au fil du temps, le philosophe semble avoir été essoufflé par les nombreux milliards qui rythmaient la vie du régime une fois Talon lui-même installé à la Marina. Ne parlons pas d’Olivier révélé par un certain Janvier Yahouédéhou, désormais thuriféraire de la rupture, qui en parlait comme le porteur de valise de son maître Talon à l’époque de Yayi. Compliqué tout ça.
Et tout finit dans les enchères…