Éditorial d’Arimi Choubadé
Déjà s’annoncent des rumeurs d’arrestations de jeunes alors qu’on attendait la concrétisation de la promesse de liberté pour plusieurs autres emprisonnés sans procès depuis des années. A cela s’ajoutent les tumultes enflammés introduits dans la classe politique ces derniers jours à propos de la “thèse” du chef de l’État sur une bonne élection. Du déjà-vu qui, avant de finir par un bain de sang, commence souvent par une implication personnelle du chef de l’État sur ce qu’il considère être la parfaite élection pour les Béninois. Le palais devient alors le siège des initiatives d’une paix qui ne s’obtient jamais. Des initiatives qui laissent plus tard la place aux larmes, au sang, à la désolation et des vies brisées pour de nombreux citoyens pris dans l’engrenage.
Depuis 2019, nous en sommes à 3 guerres si les épisodes de 2020 et 2021 s’y ajoutent : déploiements de l’armée nationale; affrontements avec des tirs à balles réelles et des armes lourdes; arrestations tous azimuts; des victimes. Puis après le silence plat : pas de procès, pas de bilans matériels ni humains (civils ou militaires). Le Bénin rentre en guerre et en sort comme dans un moulin à maïs du quartier. A peine les cœurs s’apaisent qu’on s’emploie pour la prochaine. D’où la question récurrente sur toutes les lèvres actuellement à savoir si la guerre de 2026 aura lieu exactement comme en marge de chaque scrutin depuis 2019 à l’exception des législatives de 2023 qui ont connu la participation poussive des adversaires du régime. Une première sous la rupture.
Depuis décembre, le casus belli a été subtilement introduit dans le débat public par le truchement d’une décision de la cour constitutionnelle sur l’architecture contenue dans le nouveau code électoral de 2019. La cour constitutionnelle à l’instar de celle autrement constituée qui, à l’époque, a validé tout l’échaudage qui a conduit aux affrontements épiques entre l’armée nationale et d’autres forces combattantes sur le territoire béninois sans que personne ne connaisse les bilans et conséquences. Aucun espace public n’en a jamais débattu, pas même l’Assemblée nationale ne s’est émue du spectacle des fils de ce pays affreusement mutilés voire tués.
Voilà la nouvelle cour constitutionnelle bénéficiant de la même source de légitimité de ses membres pour avoir été désignés et installés par le même régime d’exclusion qui trouve que le dispositif qui a déjà tant coûté en vies humaines est obsolète et inopérant. Encore un départ pour la guerre qui emprunte les mêmes balises que celles qui l’ont précédées. Encore une fois, c’est le chef de l’État qui porte presque seul le débat. Les autres émetteurs d’idées comme la seule présidente de parti encore en exercice Claudine Prudencio, n’ont pas voix au chapitre. Sous la rupture, la pensée électorale n’est pertinente et imposable à tous que lorsqu’il émane du président Talon. Sinon…
Encore une fois, irons-nous vers le sang ?