Après la tentative de coup d’état ratée du 30 novembre, le président Emballo dissout l’assemblée nationale. L’opposant nie en bloc et accuse à son tour le chef d’État d’avoir orchestré un “coup d’État constitutionnel” pour se débarrasser du parlement
Par Cheikh Ousmane Kane
Tout a commencé le 30 novembre quand deux membres du gouvernement, tous appartenant au PAIGC, principal parti d’opposition, ont été arrêté. La justice qui s’intéressait au ministre de l’économie et des finances, Souleiman Séidi, et au secrétaire d’État au Trésor public, Antonio Monteiro, pour une affaire de corruption, les avaient convoqués le jeudi 30 novembre et placés en garde à vue après les avoir longuement interrogés sur le retrait d’une somme de 10 millions de dollars des caisses de l’État. La nuit suivante, des soldats de la garde nationale de Guinée-Bissau, une entité sous placée sous le commandement du ministre de l’intérieur, ont exfiltré les deux membres du gouvernement avant d’échanger des coups de feu avec les forces spéciales de l’armée, contrôlée quant à elle par le camp présidentiel. Le lendemain, l’armée avait repris le dessus sur la garde nationale, et récupéré les deux ministres.
Cet incident, interprétée par le président Emballo comme une tentative de coup d’État, l’a amené à dissoudre le parlement et à procéder à un remaniement ministériel. Interrogé par France 24, le président bissau-guinéen a justifié sa décision de dissolution du Parlement par le fait que selon lui, cet organe serait “impliqué directement dans le coup d’État”, et notamment son président Domingos Simões Pereira. Le dossier est désormais entre les mains de “la police judiciaire militaire qui est en train d’enquêter“, a-t-il ajouté. Une accusation que nie en bloc le président du parlement, accusant le président bissau-guinéen d’avoir tout orchestré. « Depuis l’élection législative de 2023, le président cherchait des mécanismes pour renverser la victoire du PAIGC », argumente Domingos Simoes Pereira.
« Il a du mal à accepter cette cohabitation et il a promis à ses partisans de trouver un mécanisme pour renverser les résultats de cette élection », poursuit l’opposant, qui dénonce à son tour un “coup d’État constitutionnel” prémédité par Umaro Sissoco Embalo.