La décision de Donald Trump et d’Elon Musk de fermer l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a plongé le monde humanitaire dans une période d’incertitude et de chaos. Si la mesure était en suspens depuis le 20 janvier, la confirmation de la fermeture de l’USAID a été annoncée par Elon Musk sur sa plateforme X, dans un échange avec Trump. La situation se déroule dans un contexte où l’administration américaine cherche à réévaluer et réduire ses dépenses publiques, notamment celles destinées à l’aide internationale.
Le 3 février, Elon Musk a déclaré sur X que l’USAID allait “fermer”, une annonce qui a pris de court les employés et les observateurs du secteur humanitaire. L’USAID, responsable de la gestion des milliards de dollars d’aide humanitaire à travers le monde, a été le principal pourvoyeur d’assistance dans des régions aussi diverses que l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine. Musk a justifié cette décision par une volonté de « nettoyer » le gouvernement fédéral et de réduire ce qu’il considère comme des dépenses inutiles. Il a également répété que cette fermeture avait l’aval total de Trump, qui a qualifié l’USAID de « nid de marxistes radicaux » et d’organisation « criminelle », accusant ses dirigeants d’être « dirigés par des extrémistes ».
L’annonce a immédiatement eu des répercussions pratiques. Les employés de l’USAID ont reçu des instructions par e-mail de ne pas se rendre au bureau dès lundi prochain, et près de 1 000 employés ont été bloqués hors de leurs systèmes informatiques, selon le site spécialisé Devex. Le compte X de l’USAID a été suspendu, et son site internet est hors service. Des manifestations ont eu lieu devant le siège de l’agence à Washington, où des pancartes affichaient des slogans tels que « Sauvez l’USAID, sauvez des vies ». Pour les travailleurs humanitaires, ces développements sont vécus comme une attaque brutale contre des programmes essentiels qui soutiennent les populations vulnérables dans le monde entier.
L’impact mondial : des programmes suspendus
Les conséquences de cette décision ne se sont pas fait attendre. En Ouganda, le Programme national de lutte contre le paludisme a suspendu la pulvérisation d’insecticides et l’envoi de moustiquaires, qui étaient distribuées aux femmes enceintes et aux enfants, écrit The New York Times. Le quotidien américain précise qu’en Asie, la production de moustiquaires a été arrêtée, tandis qu’en Zambie, la livraison de fournitures médicales a été suspendue. Le Programme de développement de vaccins contre le paludisme (MVDP), soutenu par l’USAID, a également été stoppé, mettant en péril des recherches cruciales pour la lutte contre cette maladie qui tue chaque année des centaines de milliers d’enfants, principalement en Afrique subsaharienne.
Les programmes de lutte contre le VIH, notamment le programme PEPFAR, sont également menacés. Bien que certaines exemptions aient été prévues pour des programmes d’aide humanitaire d’urgence, les fonds destinés à des traitements antirétroviraux pour les patients atteints du sida sont désormais en péril. En Afrique du Sud, par exemple, où près de 8 millions de personnes vivent avec le VIH, l’incertitude quant à l’avenir de ces programmes a provoqué des inquiétudes.
La légalité de la décision remise en question
La fermeture de l’USAID soulève de nombreuses questions juridiques. Selon des experts en politiques publiques, la décision de fermer l’agence pourrait être illégale. L’USAID, créée par une loi du Congrès en 1961, est une organisation indépendante, et sa fermeture ou sa fusion avec un autre département, comme le Département d’État, nécessiterait l’approbation du Congrès. Cette mesure est fortement critiquée par des chercheurs dans les médias américains. Les élus démocrates ont eux aussi critiqué cette initiative, affirmant que la fermeture de l’USAID nuirait gravement à la politique de développement et à la réputation des États-Unis à l’international.
Une nouvelle ère pour l’aide étrangère américaine ?
L’annonce de Musk et Trump marque une nouvelle ère dans la politique américaine vis-à-vis de l’aide étrangère. Ce « ménage » dans les institutions fédérales, notamment dans le domaine humanitaire, suscite des interrogations sur l’avenir des programmes d’assistance dans le monde entier. En suspendant l’aide, l’administration actuelle semble vouloir réorienter l’aide humanitaire vers des priorités plus étroites, comme les politiques d’immigration ou de sécurité nationale, au détriment des engagements à long terme en matière de santé mondiale, d’éducation et de lutte contre la pauvreté.
Cette décision met en lumière la tension entre une gestion plus « efficace » des fonds publics et les impératifs humanitaires mondiaux, alors que des millions de personnes dans les pays en développement dépendent de cette aide pour survivre.
En fin de compte, le gel des crédits et la suspension de l’USAID pourraient redéfinir la manière dont les États-Unis mènent leurs actions de solidarité internationale, avec des conséquences profondes pour les millions de personnes qui bénéficient actuellement de cette aide. Dans un contexte de remise en question des institutions, la fin de l’USAID pourrait marquer un tournant dans l’histoire de l’aide humanitaire mondiale.
