19 septembre 2024

La CEDEAO doit-elle se casser en deux ? _ l’éditorial d’Arimi Choubadé

Élection et droits de l’homme contre souveraineté et sécurité : voilà les deux CEDEAO qui s’observent avant le prochain sommet de décembre 2023. D’un côté l’Alliance des États du Sahel, l’AES chevillés à leur sécurité puis à leur souveraineté acquise au bout des armes, sur le terrain. De l’autre, les anti-coup d’État, défenseurs de la “démocratie” et des élections.

Deux postures quasi inconciliables sans oublier la fameuse zone grise constituée des opportunistes et indécis de tous bords prêts à pencher dans l’un ou l’autre camp.

L’espace ouest africain peut d’ores et déjà se réjouir de ce fourmillement de réflexions stratégiques au gré des grands chamboulements dans le monde entre l’occident et le reste du monde. Pour faire plus simple, 3 pays sahéliens, le Mali, le Burkina, le Niger (voire Guinée-Conakry) ont franchi le pas des extrapolations pour se lancer dans un projet de fédération très ambitieux. Au point de mettre en place une véritable défense commune face aux défis sécuritaires imposés par des groupes armés durant toute la décennie post Kadhafi. La CEDEAO en a fait les frais d’ailleurs lorsque l’envie lui a pris d’intervenir militairement au Niger afin de rétablir le président Mohamed Bazoum déchu par un coup d’État le 26 juillet 2023.

Mais le clivage n’est pas que militaire désormais. Pendant que la plupart des projets d’intégration communautaire sont en attente du côté de Abuja, c’est carrément le branle-bas dans l’AES (Liptako-Gourman) à propos de l’énergie nucléaire, la fin du FCFA, l’industrialisation de l’Afrique, la rupture avec les bases militaires étrangères, la diplomatie commune puis les nouvelles alliances avec le monde dit multipolaire en référence à l’ordre ancien monopolisé par les États-Unis et alliés.

D’où les conjectures sur les chances de conciliation entre les deux parties. L’AES voit dans le reste de la CEDEAO a quelques exceptions près le bras armé de la France et l’occident démasqués pour leur duplicité lors de la guerre contre le terrorisme. Vu du Liptako il ne s’agit que d’une manœuvre de domination au service du rayonnement de l’occident conquérant au détriment d’une Afrique constamment soumise, fragilisée et fracassée. L’Afrique joue pratiquement son sort dans le Sahel en ce moment.

La prochaine rencontre entre les deux camps risque de prendre des allures d’un chant de cygne, le dernier acte d’unité de la CEDEAO en somme. Après ce sommet chacun devra choisir entre le statu quo ante et la nouvelle tendance. Ça va si vite au Sahel que les indécis n’ont pas beaucoup de cartes à jouer.

Peut-être la bienheureuse cassure …

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