Nairobi est plongée dans le chaos alors que les manifestations antigouvernementales contre une nouvelle loi de finances ont dégénéré en violences meurtrières. Depuis deux semaines, la jeunesse kenyane se mobilise contre la hausse des impôts proposée par le gouvernement.
Ce mardi 25 juin 2024, la situation a atteint un point critique à Nairobi, lorsque la police a tiré à balles réelles sur les manifestants, faisant au moins cinq morts et une trentaine de blessés, selon des médias internationaux. Le Parlement a également été incendié. Le mouvement de protestation au Kenya, baptisé “Occupy Parliament”, a pris de l’ampleur depuis la présentation du projet de budget 2024-2025 le 13 juin dernier. Ce projet de loi de finances prévoit l’instauration de nouvelles taxes, dont une TVA de 16% sur le pain et une taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules particuliers. Ces mesures ont suscité une colère généralisée dans le rang des populations, déjà éprouvées par la hausse du coût de la vie.
Les manifestations ont rapidement gagné tout le pays, avec des rassemblements notables dans des villes telles que Mombasa, Kisumu, Eldoret, Nyeri et Nakuru. Le mouvement est très diffusé sur les réseaux sociaux ; ce qui a permis une mobilisation rapide et massive. Les manifestants dénoncent ce qu’ils perçoivent comme un tour de passe-passe du gouvernement, accusé de vouloir compenser le retrait de certaines mesures fiscales par d’autres, notamment une hausse de 50% des taxes sur les carburants.
La tension est montée d’un cran ce mardi, dans la capitale où se tenait la troisième manifestation. Les premiers heurts ont éclaté vers la mi-journée lorsque les manifestants ont progressé vers une zone abritant plusieurs bâtiments officiels, dont le Parlement, la Cour Suprême et la mairie de Nairobi. Ils ont ensuite forcé les barrages de police pour pénétrer dans l’enceinte du Parlement, où les députés venaient d’approuver les amendements au projet de loi controversé.
La police a répondu en tirant à balles réelles sur la foule, causant au moins cinq morts et trente et un blessés, selon un communiqué conjoint de plusieurs ONG, dont Amnesty Kenya. « Au moins cinq personnes ont été tuées par balles alors qu’elles secouraient les blessés. Trente et une ont été blessés », ont indiqué ces ONG. De plus, 21 cas d’enlèvement de personnes ont été enregistrés. La Commission kényane des droits humains (KHCR) a déclaré avoir vu la police « tirer sur quatre manifestants, (…) tuant l’un d’entre eux ». Les journalistes de l’AFP présents sur place ont indiqué avoir vu trois corps inanimés, aux abords du Parlement, dont le bâtiment était en feu.