18 septembre 2024

Kemi Séba dans le collimateur du pouvoir béninois

Kemi Séba dans le collimateur du pouvoir béninois

Dans la nuit du 15 au 16 septembre 2023, le leader panafricaniste a été brièvement détenu par la police béninoise pour appel à l’insurrection blanchiment de capitaux. Le leader panafricaniste et ses soutiens considèrent cette détention comme une déclaration de guerre

Damien K. Konan

C’est peut-être un premier avertissement que les autorités béninoises ont voulu lancer à l’activiste panafricaniste. Kemi Séba a été cueilli par la police des frontières à l’aéroport de Cotonou le vendredi 15 septembre vers 23 heures alors qu’il s’y était rendu avec un de ses collaborateurs pour accueillir son conseiller politique Hery Djehunty. Ils ont tous les trois été arrêtés. « Le commissaire de l’aéroport de Cotonou m’a fait entrer poliment dans son bureau en prétextant qu’il voulait me parler d’une chose », a précisé Kémi Séba dans un live Facebook qu’il a fait dimanche sur son arrestation. « Après un long coup de fil, il me demanda de lui remettre mes téléphones (…) Mes camarades et moi étions ainsi en garde-à-vue. » L’activiste a alors longuement raconté les six (6) heures qui ont suivi cette arrestation qui n’aurait pris fin qu’après que quelqu’un aurait ordonné au téléphone au Directeur Général de la Police Républicaine dans les locaux duquel il était détenu, de le relâcher.

« Je ne suis pas Joël Aïvo ou Réckya Madougou »

Il faut dire que Kémi Séba n’a pas épargné le président béninois Patrice Talon et son gouvernement depuis le coup d’état au Niger. Il l’a même assidument harcelé sur ses positions belliqueuses à l’encontre du général Tchiani et de ses camarades du CNPS. Le président de l’Ong Urgences Panafricanistes qui lutte contre « le néocolonialisme de l’oligarchie occidentale » a plusieurs fois ouvertement désigné le président Talon comme « un agent de la Françafrique », donc un « ennemi de la dignité et de la souveraineté des africains » qu’il faut combattre par tous les moyens. Kémi Séba a même plusieurs fois mis au défi le président béninois de l’arrêter comme il l’a fait pour ses opposants. « Je ne suis pas Joël Aïvo ou Réckya Madougou », avait-il lancé à plusieurs reprises avant le jour de son arrestation. Un défi qu’il a réitéré dimanche lors de son live post-libération.

Guerre ouverte

Très populaire au sein de la jeunesse connectée de l’Afrique francophone, la courte arrestation de Kémi Séba a surchauffé les plateformes francophones et déclenché la colère des leaders panafricanistes et de leurs publics. « Ces manœuvres ne trompent personne. Elles tendent à empêcher ceux qui se battent pour la libération de l’Afrique de mener leur lutte », a lancé son alter-ego Suisso-camerounaise Nathalie Yamb samedi matin sur son canal Telegram.

Kémi Séba a de la côte auprès de la jeunesse africaine et ne rate aucune occasion de mobiliser la population contre les virées autocratiques de certains dirigeants sur le continent, mais principalement contre leurs liens qu’il juge incestueux avec « l’oligarchie occidentale ». Il apporte un soutien aux militaires putschistes du continent. Ce faisant, estiment ses détracteurs, il encourage implicitement d’autres militaires à renverser des pouvoirs légitimes. Cette accusation transparaît dans la charge « d’incitation à l’insurrection » retenue contre lui par la police béninoise. Kémi Séba, tout comme les autres leaders panafricanistes considèrent en effet Patrice Talon comme une cible légitime. Le Chef de l’Etat béninois fait partie des dirigeants de la CEDEAO qui militent et s’activent pour une intervention armée au Niger afin, disent-ils, de restaurer l’ordre constitutionnel et rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions. Le Bénin serait d’ailleurs le pays qui servira de base arrière à la force sous-régionale d’intervention au Niger. Un projet inacceptable pour le leader panafricaniste qui annonce d’ailleurs une grande mobilisation à Niamey pour le 25 septembre prochain.

Pour de nombreuses analystes, ce projet de mobilisation pourrait bien être l’une des causes de l’arrestation de Kemi Séba. Il risque de saper le plan du président Patrice Talon et de ses pairs de la CEDEAO.

Kemi Séba sait très bien désormais qu’il se trouve dans le collimateur de Patrice Talon qui ne ratera pas la moindre occasion de l’écarter de son chemin. En attendant, le fondateur du mouvement Urgences Panafricanistes reste vent debout contre « la France et ses pions à la tête des Etats africains ». Il ne s’était déjà pas empêché d’avertir les autorités béninoises dans les heures ayant suivi sa libération. « Ils savent très bien que je suis politiquement plus dangereux pour eux en prison qu’à l’extérieur », a-t-il dit dans une vidéo sur sa page Facebook.

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