La rencontre entre le président Talon et les responsables du parti Les Démocrate n’a pas fini d’animer le débat politique national. Au cours de cette rencontre, le chef de l’État béninois était longuement revenu sur les événements ayant marqué les élections législatives de 2019 et la présidentielle de 2021, et fustigé ce qu’il a qualifié de « manipulation de la jeunesse ». Patrice Talon est même allé plus loin en accusant le parti de Boni Yayi d’avoir voulu « brûler le pays ». Ce qui a donné lieu à une passe d’armes tendue entre Patrice Talon et son prédécesseur.
« Je jouais mon rôle de citoyenne »
Dans un message posté sur sa page Facebook en début d’après-midi de ce vendredi 1er décembre, Nadine Okoumassou, ancienne prisonnière politique et membre du parti Les Démocrates, ne s’est pas mordu la langue pour répliquer au Président béninois : « Monsieur le président de la République, écrit-elle, à l’époque de “5 ans c’est 5 ans ” (slogan lancé en décembre 2020 par le professeur Joël Aïvo, ndlr), je n’étais membre d’aucun parti politique de l’opposition. Je jouais juste mon rôle citoyen de la défense de l’intérêt suprême de la nation béninoise. Je me suis pourtant retrouvée en prison ».
Révélations sur Joël Aïvo
L’activiste des droits civiques et des libertés démocratiques a révélé avoir rencontré le constitutionnaliste le 05 avril 2021 (veille de la fin du premier mandat constitutionnel de Patrice Talon, ndlr) pour savoir ce qu’il y avait lieu de faire pour empêcher le président Talon de violer la constitution en prolongeant son mandat de 45 jours. « Il (Joël Aïvo) m’a répondu qu’il ne pensait rien faire (…) parce que le mal est déjà fait avec la révision de la constitution », informe-t-elle. Nadine Okoumassou qui avait clairement pris position sur les réseaux sociaux contre la prorogation hors-élection du premier mandat de Patrice Talon, a été arrêtée le 7 avril 2021 et gardée en détention pendant 15 mois avant d’être libérée en juillet 2022. « Aujourd’hui, déplore-t-elle, certains pensent que nous, jeunes, qui avons manifesté notre mécontentement contre la violation de la constitution avons été manipulés par certaines figures de l’opposition ».
Candidat (recalé) du Front pour la Restauration de la Démocratie (FRD), le professeur Joël Aïvo a été arrêté une semaine jour pour jour après Nadine Okoumassou et accusé dans un premier temps, « d’appel à manifestations insurrectionnelles », puis de « complot contre la sûreté de l’état et blanchiment de capitaux ». Condamné à 10 ans de prison par la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), il purge sa peine à la prison civile de Cotonou. Pour Nadine Okoumassou, Joël Aïvo est « un innocent en prison ».
