La situation du professeur Joël Aïvo et de Réckya Madougou préoccupe l’union des ressortissants de la CEDEAO au Togo (UR-CEDEAO / Togo). Ces deux opposants sont emprisonnés dans leur pays, le Bénin, en raison de leurs divergences politiques avec le gouvernement en place. Lors d’une émission diffusée sur la chaîne de télévision One TV Live le 28 juin 2024, deux responsables de l’UR-CEDEAO / Togo se sont prononcés sur la détention de ces deux figures de l’opposition au Bénin.
Il s’agit de Bah Amadou Oury, président de l’UR-CEDEAO / Togo, et de Lamine Cissé, écrivain, communicateur politique et membre de ladite organisation. Les deux sont tous des citoyens d’autres pays de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), mais résident au Togo. Sur le plateau de la télévision togolaise One TV Live, ils se prononçaient sur divers sujets d’actualité dans la sous-région. Au nombre de ces sujets, il y a l’emprisonnement des opposants béninois Réckya Madougou et Joël Aïvo par le gouvernement de Patrice Talon depuis 2021. Une situation qui, selon les deux invités, n’honore pas le Bénin qui est jadis reconnu pour sa bonne réputation en matière de démocratie.
Pour Lamine Cissé, la détention de ces deux personnalités politiques du Bénin est la preuve que « le président Talon a déçu la démocratie [ainsi que] les pères fondateurs de la conférence nationale des forces vives ». Il démontre que la régulation de la vie politique en a pris un coup fatal. L’écrivain et communicateur politique estime que le Bénin vit un véritable recul démocratique avec l’exclusion « arbitraire » de certaines personnes des compétitions électorales. « Ceux-là ne doivent normalement pas être en prison », pense-t-il en évoquant la démarche de pardon menée par l’ancien président Boni Yayi et son parti, Les Démocrates. Patrice Talon, de son côté, a été cependant clair. Il ne compte pas « gracier » ces deux opposants et considère d’ailleurs que « parfois le pardon peut être une faute ». Lamine Cissé se demande finalement ce que « ça lui coûte de voir Réckya Madougou et le professeur Aïvo en liberté ». En ce qui concerne notamment le professeur Joël Aïvo, l’UR-CEDEAO / Togo trouve qu’il est inutile en prison et que sa place se trouve plutôt dans les universités, aux côtés de ses étudiants.
De son côté, le président de l’UR-CEDEAO / Togo fait remarquer que la situation de la démocratie est inquiétante. Surtout en raison du fait que c’est un Général d’armée (Mathieu Kérékou, NDLR) qui a ouvert la voie de la démocratie au pays. Mais malheureusement cette démocratie se retrouve aujourd’hui déconstruite par un civil arrivé au pouvoir par les urnes. « C’est regrettable là où le Bénin se retrouve aujourd’hui, mais on souhaite qu’il (Patrice Talon, NDLR) se ressaisisse [… et que] le professeur Joël Aïvo, Réckya Madougou et tous les fils et filles du Bénin puissent aller aux futures élections dans la paix », a laissé entendre Bah Amadou Oury.
Pour rappel, le juriste constitutionnaliste Joël Aïvo et l’ancienne garde des sceaux Réckya Madougou sont en prison depuis mars et avril 2021. Arrêtés dans la foulée de l’élection présidentielle qui s’est tenue la même année, ils ont écopé respectivement d’une condamnation à 10 et 20 ans de réclusion criminelle. Les autorités du pays leur reprochent, entre autres, des faits de blanchiment de capitaux et d’atteinte à la sureté de l’État. Diverses organisations et instances judiciaires en Afrique et dans le monde — dont le Groupe de Travail de l’ONU sur la Détention Arbitraire (GTDA) — qualifient leur détention d’illégale et appellent depuis à leur libération immédiate. Mais à Cotonou, les autorités continuent de faire la sourde oreille.