Interdictions et répressions des activités du parti LD : Valentin Djènontin-Agossou appelle au respect des textes en vigueur au Bénin

Modification du code électoral béninois : « cette Décision de la Cour Constitutionnelle … est en réalité le prétexte nécessaire à une révision de la constitution », dixit Valentin Djènontin

Bien que l’animation de la vie politique soit une prérogative constitutionnelle au Bénin, elle est devenue l’apanage des partis politiques de la mouvance présidentielle. Ceux de l’opposition, en particulier ‘’Les Démocrates’’, sont interdits de réunion et de rassemblement. Ses responsables et militants sont parfois violentés et dispersés à coup de matraques. Dans une tribune, se basant sur des articles extraits de différents textes en vigueur au Bénin, l’ex-Ministre de la Justice, Valentin Djènontin-Agossou, enseigne le bon sens à ses compatriotes.

La dernière répression en date est la dispersion de la Ligue des enseignants Démocrates du département des Collines en séance de formation, au siège du parti, à Dassa-Zoumè. Cette attitude érigée en mode de gestion par les autorités administratives et de sécurité, est non seulement une véritable entorse à la Constitution du Bénin, mais aussi et surtout à tous les accords et traités régionaux et internationaux auxquels il a adhéré.

Même si jusqu’à ce jour, les responsables et les militants du parti ‘’Les Démocrates’’ ont toujours gardé le calme et la sérénité, ces frustrations qui s’amoncellent annoncent l’orage. Surtout que le Bénin s’achemine progressivement vers les élections générales jamais organisées au Bénin. Dans une analyse, l’ancien Garde des Sceaux, Valentin Djènontin, attire l’attention des fonctionnaires en général, des agents des collectivités territoriales décentralisées, des policiers, militaires, magistrats, Chefs d’arrondissement, Maires, Préfets, Ministres, Députés, etc. sur les réels dangers liés à l’animation à sens unique de la vie politique au Bénin.

Lire l’intégralité de son message ci-dessous.

L’animation de la vie politique est une prérogative constitutionnelle des partis politiques.

Conformément aux dispositions de l’article 5 de la loi N° 90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin, « Les partis politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent librement leurs activités dans les conditions déterminées par la charte des partis politiques. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale, de la démocratie, de l’intégrité territoriale et de la laïcité de l’État. »

Quant à la Loi N° 2018-23 du 17 septembre 2018 portant charte des partis politiques en République du Bénin, elle dispose :

  • Article 6 : « Outre les libertés reconnues à tout citoyen, l’État garantit aux partis politiques les libertés publiques dans le respect des règles constitutionnelles… »
  • Article 7 : « Les partis politiques peuvent exprimer leurs opinions sur toute question d’intérêt local, national et international. »
  • Article 8 : « Les partis politiques bénéficient d’un accès équitable aux moyens officiels d’information et de communication conformément à l’article 142 alinéa 2 de la Constitution. »

L’article 142 alinéa 2 de la Constitution dispose : « La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication veille au respect de la déontologie en matière d’information et l’accès équitable des partis politiques, des associations et des citoyens aux moyens officiels d’information et de communication. »

Examinons deux articles de la Loi N° 2019-45 du 25 novembre 2019 portant statut de l’opposition en République du Bénin.

Cette loi votée par l’assemblée illégitime de sang et monocolore de 2019 est une copie partielle de la Loi N° 2001-36 du 14 octobre 2002 portant statut de l’opposition.

Article 2 : « Le statut de l’opposition est l’ensemble des règles juridiques permettant aux partis politiques de l’opposition de disposer des libertés et des moyens nécessaires en vue de leur libre et pleine participation à l’animation de la vie politique nationale. »

Article 3 : « Constitue l’opposition, l’ensemble des partis politiques représentés ou non à l’Assemblée nationale qui soutiennent pour l’essentiel, des positions différentes de celles du Gouvernement et envisagent de construire une alternative politique dans le cadre démocratique. L’appartenance à l’opposition doit faire l’objet d’une déclaration officielle et publique. »

Cette consultation gratuite est faite à dessein pour aider les policiers, Maires, Préfets et quelques magistrats à comprendre le rôle des partis politiques en général et ceux de l’opposition en particulier afin que cessent les persécutions, brimades aveugles et brutales contre l’opposition dont toutes les activités sont désormais interdites ou empêchées quel que soit l’endroit où elles se tiennent.

Chers dirigeants actuels du Bénin, un peu de retenue s’il vous plaît : vous ne pouvez aussi facilement confisquer le pouvoir d’État et en faire un pouvoir personnel par l’arbitraire, la dictature et l’injustice !

La dernière scène qui m’oblige à me prononcer sur ces séries de dérives et de déviances préjudiciables à la paix et à la concorde nationale est celle du samedi 22 mars 2025 au siège départemental du Parti Les Démocrates à Dassa, où la ligue des enseignants a été violemment empêchée de tenir sa causerie relative à la citoyenneté.

Ironie du sort n’est-ce pas ?

Aux fonctionnaires zélés et autorités décentralisées nommées, je voudrais humblement pour votre gouverne partager avec vous les dispositions de la Constitution du Bénin.

  • La devise de la République est « FRATERNITÉ – JUSTICE – TRAVAIL ».
  • Article 19 : « Tout individu, tout agent de l’État qui se rendrait coupable d’acte de torture, de sévices ou traitements cruels, inhumains ou dégradants dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions, soit de sa propre initiative, soit sur instruction, sera puni conformément à la loi. »

Tout individu, tout agent de l’État est délié du devoir d’obéissance lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte grave et manifeste au respect des droits de l’homme et des libertés publiques.

Chers fonctionnaires, nul ne dira plus, je ne le savais pas puisque j’ai partagé avec vous et sans honoraires les dispositions de la Constitution de notre pays.

Article 24 : « La liberté de la presse est reconnue et garantie par l’État. Elle est protégée par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication dans les conditions fixées par une loi organique. »

Malgré une disposition aussi limpide et univoque, la mission de la HAAC a désormais changé dans les faits pour devenir le démantèlement des organes de presse professionnels qui effectuent un travail de qualité d’information et qui refusent de céder à la manipulation pour être des organes de propagande.

Article 25 : « L’État reconnaît et garantit, dans les conditions fixées par la loi, la liberté d’association, de réunion, de cortège et de manifestation. »

Article 35 : « Les citoyens chargés d’une fonction publique ou élus à une fonction politique ont le devoir de l’accomplir avec conscience, compétence, probité, dévouement et loyauté dans l’intérêt et le respect du bien commun. »

Article 36 : « Chaque Béninois a le devoir de respecter et de considérer son semblable sans discrimination aucune et d’entretenir avec les autres des relations qui permettent de sauvegarder, de renforcer et de promouvoir le respect, le dialogue et la tolérance réciproque en vue de la paix et de la cohésion nationale. »

Fonctionnaires en général, agents des collectivités territoriales décentralisées, policiers, militaires, magistrats, Chefs d’arrondissement, Maires, Préfets, Ministres, Députés, vous savez désormais à quoi vous en tenir : servir l’État, l’intérêt général ou servir un individu même investi des prérogatives publiques dans ses intérêts privés !

J’ai joué ma partition de citoyen avisé de la République.

DJENONTIN-AGOSSOU Valentin

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