Les producteurs agricoles au Bénin sont désormais assujettis à une fiche de convoyage en ce qui concerne chaque mouvement de leurs produits. Ainsi en a décidé le gouvernement. Si pour le moment, cette mesure n’a pas encore suscité de réaction chez les principaux concernés, l’ex-Ministre de la Justice, Valentin Djènontin, a réagi.
« Voilà une décision d’une rare absurdité innommable qui prouve à suffisance que les dirigeants et autorités du Bénin ignorent tout des conditions de vie des paysans dans nos campagnes. C’est facile de décider du sort des paysans souffrant sous le soleil et la pluie, à partir des bureaux climatisés sans jamais avoir vécu les réalités des travaux. » Voilà le début du message de Valentin Djènontin, réagissant à la nouvelle mesure à laquelle doivent se conformer les producteurs agricoles au Bénin. En effet, selon cette mesure, « les producteurs doivent prendre à chaque mouvement de produit une fiche de convoyage qui est gratuite au niveau des services de douane. Même quand le producteur veut sortir le produit du champ pour la maison, même si c’est un sac, il est obligatoire que ce producteur prenne la fiche de convoyage ». À l’en croire, c’est une mesure de servitude, car ces paysans vivent habituellement sans un kopeck en caisse ou en poche. « Ils sont sans subventions et sans sécurité sociale », a-t-il indiqué.
Une formalité administrative incongrue
Selon l’ex-Garde des Sceaux, les conditions de vie et de travail des producteurs déjà précaires, ne feront que s’amplifier. « La réalité dans nos campagnes est que le producteur, pour nourrir les ouvriers pendant la récolte ou transporter sa récolte au village, est obligé de recourir à des prêts usuraires ou récolter quelques kilogrammes de céréales à vendre rapidement au commerçant du village pour avoir le minimum de ressources nécessaires à la couverture des charges urgentes. Idem lorsqu’il doit amener son enfant, sa femme malade à l’hôpital ou pour payer les frais d’écolage de son enfant renvoyé des classes », déploré Agossou Valentin Djènontin. Il est malheureux que de telles formalités administratives à la douane soit imposées à l’intérieur du pays aux producteurs agricoles, avant de transporter les produits des champs à la maison pour être finalement ”bradés à un prix imposé par un commerçant monopoliste.”
Sans aucune condition, il urge selon lui que le gouvernement et la direction des douanes rapportent rapidement cette décision au risque de multiplier les cas de suicide déjà nombreux dans le pays soumis à la misère galopante.