C’est depuis l’étranger que le chef du gouvernement haïtien annonce sa démission ce lundi 11 mars 2024. Ariel Henry était empêché de rentrer dans le pays après un voyage au Kenya pour négocier l’arrivée d’une force multinationale devant combattre les groupes armés qui sèment le trouble dans la capitale Port-au-Prince.
Coffi Eganhoui
Le 05 mars dernier, Jimmy Chérizier, un ancien policier devenu chef de gang menaçait de déclencher une guerre civile et un génocide tant que Ariel Henry serait maintenu à la tête du gouvernement. Avec son alliance G9 et famille (une coalition d’une dizaine de gangs, ndlr), il avait même empêché son avion de revenir dans le pays après un déplacement au Kenya. Finalement, le Premier Ministre de 74 ans a décidé de jeter l’éponge, lundi soir.
Arial Henry s’était retrouvé à la tête du pays après l’assassinat, en juillet 2021, du président en exercice Jovenel Moïse. Depuis lors, les gangs qui se trouvent dans la capitale ont gagné du terrain et étendent leur influence sur plusieurs autres régions du pays. Jusqu’à ce jour, par exemple, ces groupes armés ont assiégé plusieurs institutions du pays et empêchent également Ariel Henry d’accéder au siège de la Primature. C’est donc au sein de sa résidence officielle que se tiennent les réunions gouvernementales et le conseil des ministres.
Le Premier Ministre démissionnaire s’était alors tourné vers la communauté internationale pour obtenir un appui sur le plan sécuritaire. Le Kenya est le premier pays qui s’était positionné en annonçant l’envoi d’un millier de policiers dans le cadre d’une mission multinationale de sécurité en Haïti. Mais Nairobi s’est vite rétractée après l’annonce de la démission d’Ariel Henry. « Il y a eu un changement radical à la suite de l’effondrement complet de l’ordre public et de la démission du Premier Ministre d’Haïti », a déclaré le secrétaire général du ministère des Affaires Etrangères du Kenya, Korir Sing’oei.
Ce pays n’entend donc plus envoyer ses troupes pour tenter de rétablir l’ordre et la sécurité car, estime le gouvernement kényan, « il n’y a pas de point d’ancrage sur lequel un déploiement de la police puisse reposer ». Cependant, plusieurs analystes internationaux craignent que la situation ne s’envenime dans le pays avec les gangs qui pourraient avoir l’impression de gagner. Ce qui ne serait pas propice à la mise sur pied d’une nouvelle transition.