La présidence guinéenne annonce ce mercredi la promotion du président de la transition, Mamady Doumbouya, au grade de général. Une promotion à titre exceptionnel suscitée par l’armée, mais diversement appréciée au sein de l’opinion publique guinéenne.
Le soldat Mamady Doumbouya, tombeur de l’ancien président Alpha Condé n’est plus colonel. Depuis le mardi 23 janvier 2024, il est promu au grade de Général. Un mauvais exemple, commente Ibrahima Balaya Diallo, membre de la société civile. « Ce sont les putschistes aujourd’hui qui s’octroient des grades. On sait que pour avoir un grade dans l’armée, il faut avoir fait des formations, des stages ou avoir pris part même à des combats. Mais maintenant là, on se le partage comme des biscuits. C’est malheureux pour le pays », a-t-il déclaré au micro de nos confrères de DW Afrique.
Selon cet acteur de la société guinéenne, le président du Conseil National du Rassemblement pour le Développement (CNDR) est en train de se donner les moyens pour s’éterniser au pouvoir. Une stratégie qui n’est pas nouvelle sur le continent africain. « Il est en train de suivre les pas de Paul Kagamé, étouffer les expressions, empêcher les gens de communiquer et pendant ce temps, s’appesantir sur des petites réalisations, gagner l’opinion publique. Mais on n’est pas dupes. Aujourd’hui, on sait que l’élan pris par le CNRD nous conduit au précipice », dénonce Ibrahima Balaya Diallo.
Au sein de la population guinéenne, l’élévation du colonel Mamady Doumbouya au grade de Général ne surprend personne. C’est le grade le plus prestigieux auquel aspire tout soldat au sein d’une armée, et Mamady Doumbouya n’est pas exclu. « Chez nous, je pense que c’est factuel. Dans les régimes militaires, il arrive parfois que le chef lui aussi décide de profiter des privilèges du moment, de se grader, pour … se faire respecter », a fait savoir Sékou Keita, un habitant de Conakry interrogé par DW Afrique.
Il faut noter que ce n’est pas la première fois que des militaires profitent de leur présence au pouvoir pour s’auto-grader. L’ancien président guinéen Lansana Conté, Colonel au moment où il prenait le pouvoir à la mort d’Ahmed Sékou Touré en 1984, s’était attribué par la suite le grade de Général. Ailleurs, cela a été pareil avec le Commandant Mathieu Kérékou qui est venu au pouvoir par un putsch militaire en 1972. Avant sa chute en 1990, il était déjà lui aussi Général des forces armées béninoises.
