Au fur et à mesure que les jours s’égrènent, l’on s’approche inexorablement des élections générales de 2026. Ces échéances à venir, qui sont une première au Bénin, ne manquent pas de susciter de nombreuses suspicions et des inquiétudes. A pratiquement un an et demi de cette série d’élections, l’ex-Ministre de la justice, Valentin Agossou Djènontin parle d’”un mauvais présage” pour l’avenir du Bénin.
Le Bénin, depuis 1991, est habitué à des élections apaisées. Malheureusement, ce caractère s’est érodé depuis l’avènement du régime de la Rupture en 2016. Les plaies engendrées en 2019 et 2021 demeurent encore vives dans les mémoires. Certaines familles sont marquées à jamais pour avoir payé le lourd prix.
On dirait un sort qui hante le Bénin. Sans panser les plaies antérieures, les Béninois ont rendez-vous devant l’histoire. En 2026, à l’état actuel des lois électorales et particulièrement des dispositions de l’article 40 nouveau de la Loi N°2024-13 du 15 mai 2024 portant modification et complétant la Loi N°2019-42 portant code électoral en République du Bénin, les Béninois devront connaître les candidats à l’élection présidentielle le 14 octobre 2025. Mais, à scruter l’actualité politique, que ce soit dans les états-majors des partis de la mouvance présidentielle que de l’opposition, rien n’augure une telle préoccupation. Une attitude qui fait entrevoir à Valentin Agossou Djènontin un mauvais signe pour l’avenir du pays.
En effet, dans une analyse rendue publique, intitulée « 14 Octobre 2024 – 14 Octobre 2025 : Un Mauvais Présage », il déplore l’insouciance non seulement de la classe politique, mais aussi des populations. « A un an de cette échéance (14 avril 2025), contrairement à la tradition vécue un quart de siècle (1991-2016) au Bénin où les candidatures à la fonction du président de la République sont annoncées des mois ou des années avant le scrutin, aucun candidat, aucun parti politique n’ose engager le débat », s’est-il désolé.
De l’origine de la psychose
Dans son analyse, l’ancien Ministre semble pointer du doigt l’origine de cette psychose quand il a écrit : « Ce silence imposé par la terreur et la médiocrité des lois électorales crisogènes et explosives ne présage pas d’un avenir calme sans crises sociales au Bénin. Tout le monde vit dans la psychose : les alliés du Chef de l’Etat, donc de la mouvance présidentielle, attendent la décision du Chef : désigner son dauphin ou forcer un troisième mandat comme cela se susurre dans les cercles fermés du pouvoir ; les partis d’opposition marchent comme sur des œufs et manquent d’audace pour s’affirmer. Tout se passe comme s’ils attendent aussi l’autorisation du Chef de l’Etat avant d’afficher leurs ambitions. »
Face a ce tableau sombre qui n’est pas un bon présage pour le pays, Valentin Djènontin, sur la base du passage biblique Matthieu 12 : 25 qui stipule : « Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté, et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne peut subsister », invite chaque Béninois et chaque Béninoise, où qu’il soit, à jouer sa partition pour la préservation de la paix. « De l’intérieur comme dans la diaspora, chaque Béninois, sans crainte de représailles, doit pouvoir prendre position et œuvrer pour la paix, la cohésion sociale, le développement et l’épanouissement de tous dans le pays », a-t-il souhaité. Car, selon ses propos, l’enjeu est de taille et les défis à relever sont énormes. « Aucun sacrifice ne serait de trop pour être consenti quel que soit notre bord politique, religieux ou philosophique », a déclaré l’ancien Ministre.
La cohésion nationale est encore possible !
Faisant allusion au contexte sociopolitique sous-régional, il a proposé que, « pour éviter que le pays ne bascule dans un chaos irrémédiable, le Chef de l’Etat Patrice TALON, les anciens présidents de la République, les présidents des institutions, le haut commandement militaire, tous les corps constitués, les sages, les intellectuels doivent se donner la main pour définitivement conjurer les démons de la division ». Il ajoute : « L’aube nouvelle doit être à nouveau chantée. C’est fort de cette urgence que je prends publiquement la parole pour lancer cet appel ; que dis-je, alerter comme jadis en vain en 2019 ; 2020 ; 2021 ; 2023 aux fins d’éviter le pire. »
A l’en croire, « au regard du climat politique, social et économique tendu ; voulu et entretenu par le Président Patrice Talon depuis avril 2016, le Bénin court de gros risques sociaux, sécuritaires et humanitaires si le peuple béninois et les forces vives de la Nation ne puisent pas dans le génie béninois une énergie nouvelle pour négocier ce tournant décisif et crucial pour l’avenir et le vivre-ensemble entre Béninois.»