Les dernières sorties de Boni Yayi et de ses filleuls vont toutes dans la même direction : la révision du code électoral est un préalable non négociable pour l’organisation des prochaines élections. De quels moyens disposent-ils pour y parvenir ?
La révision du code électorale a eu lieu depuis le mois de mars dernier, mais elle n’a pas fini que faire couler beaucoup d’encre et de salive. Particulièrement dans les rangs du parti Les Démocrates qui en ont visiblement fait la priorité absolue. Il faut dire que les nouvelles conditions de candidature et ou d’éligibilité introduites dans le code électorale sont des plus sévères au monde. Ce qui fait craindre à Boni Yayi et aux cadres de son parti une nouvelle farce électorale.
Par conséquent, toutes les dernières sorties du parti ou de ses alliés sont consacrées à ce code et plus largement au cadre juridique des élections au Bénin dont ils exigent la relecture avant tout scrutin. L’une des dernières en date est celle de Valentin Agossou Djènontin. Dans une vidéo publiée sur internet, l’ancien secrétaire exécutif national des FCBE a dénoncé, preuves à l’appui, « les gros pièges de Patrice TALON à la classe politique béninoise électoraliste pour les scrutins de 2026. » Monsieur Djènontin y soulève de multiples scénarios de biais à partir de la liste électorale, des pièces à fournir pour la validation des candidatures, ou au niveau des instances en charge de l’organisation des scrutins.
L’opposition, presque unanime
De son côté, le secrétaire à la communication du parti Les Démocrates déclarait sur le plateau de Reporter Media Monde que le nouveau code électoral est assimilable à « des représailles politiques » contre une opposition trop forte aux yeux du régime. Même tonalité du côté du parti Grande Solidarité Républicaine (GSR), du Mouvement Populaire de Libération (MPL), des Nouvelles Forces Nationales (NFN) ou du bloc de la Résistance, menée par l’inoxydable Candide Azanaï.
Quant à Génération Aïvo, le mouvement qui regroupe les soutiens du l’universitaire-opposant, la principale priorité du moment semble être la libération de son leader charismatique qui purge depuis avril 2021 une peine de 10 de prison, après avoir tenté de se porter candidat à la dernière élection présidentielle de la même année. Bien que le mouvement y mette toute son énergie, elle n’en oublie pas pour autant le cœur de son projet : le développement dans la démocratie. À Parakou en février dernier ou à Cotonou le 27 juillet dernier, le mouvement a encore rappelé son rejet de toute gouvernance basée sur les brimades, la violence d’État et les tripatouillages des élections : « Si nous, élites politiques, n’avons à proposer à nos compatriotes que les manipulations juridiques, le trucage des élections, la brutalité contre un peuple comme le seul moyen de développer nos pays, ce serait un échec », lançait Barkatou SABI BOUN samedi sur-dernier depuis le terrain de sport de Midombo (3e arrondissement de Cotonou). L’allusion au cadre électoral est certes feutrée, mais assez claire pour être comprise.
Quelle stratégie ?
Il existe donc une unanimité certaine sur la nécessité d’ouvrir le jeu électoral et de garantir des élections générales les plus sincères possibles. Mais l’opposition irait-elle jusqu’au boycott ? Rien n’est moins sûr. L’idée dominante dans les rangs du parti de Boni Yayi est le boycott. Même si certaines figures du parti ont des ambitions présidentielles plus ou moins assumées, le boycott est le plan A de l’ancien président de la République, si l’opposition n’arrive pas à obtenir la refonte du code électoral ; c’était déjà son plan A en 2021 avant le virage de l’investiture du duo Madougou-Djivoh.
Mais qui dit boycott, dit forcément risque d’une nouvelle assemblée nationale monocolore, des collectivités territoriales totalement sous le control des deux partis siamois de la mouvance présidentielle, et même l’abandon de l’Exécutif au régime de Patrice Talon. Un risque important que paradoxalement peu d’entre les responsables de l’opposition seraient prêts à assumer.
Alors, se pose fatalement la question la question la plus importante : comment Les Démocrates comptent-ils obtenir la refonte de ce code unanimement reconnu comme crisogène, alors que les rapports de force à l’Assemblée Nationale lui sont nettement défavorables ? Bien malin qui pourra le dire. Pour l’instant rien ne filtre des officines de l’opposition, qu’elles soient basées sur le territoire ou dans la diaspora.