Le Parlement béninois s’est réuni en session plénière ce jeudi 04 mai 2023 pour écouter le gouvernement au sujet de l’incendie du 29 janvier 2023 à Dassa. Les députés du parti Les Démocrates avaient adressé des questions orales à l’exécutif sur la gestion de ce drame qui a fait plusieurs morts.
Aucune des raisons avancées par les membres du gouvernement présents au sein de l’hémicycle ce jeudi n’a convaincu le député Kamel Ouassagari. « Non ! Non ! Non ! », lance-t-il en réponse aux explications des ministres avant de les inviter à reconnaître la responsabilité du gouvernement dans le bilan dramatique de l’accident. Et pour convaincre de ce qu’il dit, le député explique : « L’accident s’est produit à peine à 500 m de la base des sapeurs-pompiers en pleine ville du chef-lieu du département des Collines. Imaginons, un seul instant, combien de vies auraient pu être sauvées si cette base avait été fonctionnelle, si cette base avait eu les moyens de réagir promptement comme on pouvait s’y attendre ! Malheureusement pour toutes ces vies parties en fumée, malheureusement pour toutes ces familles éplorées, malheureusement pour toutes ces veuves, tous ces veufs, et tous ces orphelins, le réservoir d’eau de la Pompe Secours des pompiers de Dassa-Zoumé est hors d’usage depuis plus d’un an ; même le véhicule de secours et d’assistance aux victimes est immobilisé depuis plus de deux ans. Ces soldats du feu sont donc au front sans armes ni munitions ! ».
Pour le parlementaire, le gouvernement de Patrice Talon n’a jamais placé le peuple au centre de ses priorités. Et Kamel Ouassagari ne manque pas d’arguments et d’exemples pour montrer la pertinence de son accusation. Il rappelle que le chef de l’État ne s’est pas rendu au chevet des rescapés de l’incendie qui sont évacués au CNHU tout juste en face du palais présidentiel. Mieux, en dépit des attaques terroristes à Kérou et Banikoara les 2 et 3 mai 2023 avec plusieurs Béninois égorgés, le gouvernement festoyait pour l’inauguration d’une fresque murale réalisée sur la façade du mur de l’ex hôtel du Port de Cotonou. Tout cela pousse le député membre du groupe parlementaire Les Démocrates à la conclusion suivante : « Aujourd’hui il y a un Bénin des uns et un Bénin des autres. Les autres peuvent périr, les uns s’en foutent ».
Par ailleurs, Kamel Ouassagari s’est fait le devoir d’indiquer au gouvernement ce qu’il faut faire pour que des drames similaires à celui de Dassa ne se reproduisent plus au Bénin. Premièrement, il met l’accent sur la fourniture d’équipements aux unités de sapeurs-pompiers et la construction de centres hospitaliers dotés de plateaux techniques et de médecins qualifiés dans tous les départements du pays. Surtout en raison du fait que le CNHU de Cotonou ait montré ses limites dans la prise en charge des blessés de Dassa, ce qui a conduit plusieurs à la mort par la suite. « Nous avons constaté que la plupart des brûlés admis au CNHU ont rendu l’âme », a déploré Kamel Ouassagari avant de se demander si ce centre sanitaire possédait vraiment le « plateau technique approprié et des médecins spécialistes des brûlures pour la prise en charge efficace des rescapés ? ». Selon lui, une évacuation sanitaire aurait permis de sauver la vie de ceux qui ont succombé aux brûlures. Aussi, Kamel Ouassagari exhorte le gouvernement à la prise de mesures fortes à l’endroit des compagnies de transport. Il suggère par exemple au gouvernement de « plomber les vitesses de conduite des bus à au plus 80 km/l’heure ».
Il a pour finir, exigé des sanctions sur le plan administratif. Surtout en ce qui concerne les responsables qui étaient censés fournir des équipements d’intervention et de secours aux sapeurs-pompiers. Quant à l’enquête judiciaire annoncée au lendemain du sinistre, Kamel Ouassagari conseille au gouvernement d’en partager les résultats avec l’opinion publique pour qu’il y ait un début d’apaisement des cœurs des parents des victimes défuntes. Lesquelles victimes à qui le député a une fois encore rendu hommage.
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