D’où provient l’argent du coup d’État ?

Arimi Choubade L’afriquetocratie vue par les charlatans

L’éditorial d’Arimi Choubadé

Sur plus d’une heure de réquisitoire, à peine 2 minutes ont été consacrées à l’origine “partielle” des 1,5 milliards CFA destinés à fomenter le coup d’État contre le Président Patrice Talon. Morceau choisi : “La suite des investigations a permis d’établir qu’une partie de cette somme provient des retraits effectués par ADJIBEKOUN Hugues sur les comptes de la société Groupe Technique Plus (GTP) dont il est le comptable. Cette entreprise a comme gérant GBAGUIDI Ahotognon Déo-Gracias Corneille mais le bénéficiaire effectif de ses activités est le beau-frère de Olivier BOKO, le nommé Rock NIEIRI. Ce dernier a pris la fuite dès l’ouverture de l’enquête”, (extrait du brillant réquisitoire du Procureur spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du TerrorismeCRIET).

Devant un auditoire presque tétanisé par une procédure très mouvementée, le magistrat s’est voulu dissert, volubile, surfant tantôt sur l’histoire de l’humanité depuis la Grèce antique jusqu’à la naissance politique de l’État du Bénin dès 1960, tantôt sur la foi chrétienne, tantôt sur la tragique émotion de la trahison. Par contre, le seul élément matériel du crime n’a été que légèrement effleuré. De tout le développement devant la cour, l’argent du crime viendrait, en partie, d’une société. Pas plus. Et pourtant le procès est terminé depuis le 30 janvier 2025 ; 3 personnes ont écopé de peines de prison, parmi les plus lourdes prévues au code penal.

Le mystère continue de planer. En revanche, en ce qui concerne les sources du pactole que le ou les conjurés s’apprêtaient à engloutir dans leur entreprise criminelle destinée à écourter le règne de Talon et à plonger le Bénin dans une incertitude certaine. À moins d’être rassuré que d’autres investigations sont en cours pour déterminer avec précision la proportion chiffrée de ce qui est sorti des comptes de la société GTP ainsi que les autres gisements d’alimentation du funeste projet. Une cour aussi prestigieuse que la CRIET dont la mission est de traquer les crimes économiques ne saurait se taire sur des aspects aussi préoccupants du dossier. Que des milliards CFA soient en divagation dans un environnement de terrorisme (autre prérogative de la CRIET) est incompréhensible.

Dans un pays où les citoyens sont soumis à des tracasseries inimaginables pour des opérations bancaires portant sur à peine 500 mille FCFA, bien malin qui peut expliquer comment des sommes beaucoup plus importantes (plusieurs milliers de fois) puissent circuler aussi facilement sans que les auteurs ne soient neutralisés. On pensait voir défiler à la barre des enquêteurs de la police voire de la banque centrale afin de détailler, devant le tribunal, le mécanisme par lequel des individus parviennent à s’offrir autant de numéraires en toute quiétude.

La cour aurait pu aider le public à savoir quel genre d’activité permet de disposer d’aussi grosses sommes d’argent non pas en investissements nouveaux mais pour la conquête du pouvoir politique. Est-ce une entreprise de commerce ? Ou de politique ? Quels sont les liens entre la politique et le crime organisé au Bénin ?

De quoi perdre son latin !

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