Selon certains médias locaux, le président rwandais sera à Cotonou le vendredi 14 avril 2023 pour une visite officielle de 72 heures.
L’annonce de cette visite courait au sein de la presse béninoise depuis le mois de février dernier. Même si pour l’heure il n’y a pas encore d’informations officielles venant des deux États, il y a plusieurs questions qui pourraient être sujets de discussion lors de cette visite d’État. La première concerne le volet sécuritaire. Le Bénin est en proie au terrorisme depuis quelques années. Un fléau qui gagne du terrain, tant les attaques se multiplient. Évidemment, cela donne du fil à retordre à Patrice Talon qui ne cesse de chercher des issues.
Le président béninois joue à toutes les cartes pour enrayer la menace sécuritaire qui plane sur son pays. Cotonou avait depuis longtemps entamé des discussions avec Kigali pour obtenir un appui logistique en matière de lutte et de renforcement de capacités des militaires, expliquait le porte-parole du gouvernement à la fin de l’année 2022. Le défi sécuritaire lié à la lutte contre le terrorisme sera évoqué à coup sûr lors du tête-à-tête entre Paul Kagamé et Patrice Talon le 14 avril (si cette date se confirmait).
Le commerce et les nouvelles technologies seront également au cœur de cette visite d’État. Depuis son avènement au pouvoir en 2016, Patrice Talon n’a de cesse d’intensifier les rapprochements entre le Bénin et le Rwanda. Lors de sa visite à Kigali en août 2016, un accord-cadre de coopération bilatérale est signé en vue de l’intensification des échanges dans nombreux domaines, dont celui des transports aériens. Patrice Talon nourrit l’ambition de créer, ensemble avec le Rwanda, une compagnie aérienne transnationale de droit béninois pour concurrencer les leaders ouest-africains que sont Air Côte d’Ivoire et Air Sénégal. Le Rwanda et le Bénin ont aussi mis en place une Grande commission mixte de coopération entre leurs deux États. Ce cadre de concertation avait facilité la signature de plusieurs accords de partenariat lors de sa première session qui s’est déroulée à Rubavu les 29 et 30 septembre 2017. L’initiative couvre les domaines des TIC, du service cadastral, de l’environnement et du développement durable et «a permis de consolider le cadre juridique et les bases opérationnelles à même de donner une impulsion nouvelle à la coopération bilatérale », avait laissé entendre le ministre des affaires étrangères, Aurélien Agbénonci. Par ailleurs, la visite officielle du président rwandais au Bénin pourrait soulever des préoccupations liées à la démocratie et l’État de droit. En la matière, lui et son homologue béninois ne jouissent pas d’une bonne cote au sein de l’opinion. Ils sont régulièrement accusés de persécutions envers les opposants politiques et sont soupçonnés de vouloir ériger des régimes autocratiques à la tête de leurs pays respectifs.
Cette visite intervient également dans un contexte où la population se montre très hostile à la promotion de cadres rwandais à la tête de certaines structures au Bénin. Même si le débat est balayé du revers de la main par Patrice Talon pour qui la compétence de ces étrangers est indispensable, Paul Kagamé, lui, pourrait être amené à justifier cette ascension des siens en territoire béninois.