L’éditorial d’Arimi Choubadé
Drôle de Sénégal post Macky. La seule certitude visible est que Macky Sall n’est plus au pouvoir. Pour le reste, silence radio, toujours pas grand-chose à retenir en dehors de l’affirmation de la rupture comme slogan de régime. En attendant d’avoir du Pastef dans ses articulations pratiques, on a droit au duo Diomaye-Sonko dans des apparitions montées, bigarrées, tantôt costume cravate, tantôt boubou d’apparat, tantôt en acteurs de nouvelle série télévisée. Mais très peu de politique, de discours d’orientation, de diplomatie, de panafricanisme. Seule annonce : la “rupture” lors d’un speech d’investiture aussi terne que quelconque. Seule certitude : Sonko et Diomaye ne sont plus opposants.
C’est vrai que ça murmure que les caisses du Sénégal seraient vides. Une des grands classiques à l’occasion des changements de régime en Afrique francophone. Wade disait cela en 2000 lorsqu’il devait incarner la première alternance politique du pays avec son fameux “sopi” qui a fini par perdre son âme au bout d’une décennie avant de sombrer complément en 2012. L’ère Macky a également commencé à l’époque par une alerte caisses-vides pour finir grâce à la rupture du Pastef, 12 années après également. Du déjà-vu et entendu donc.
Et puis cette histoire de caisses-vides qu’on découvre subitement au lendemain de passations de charge au sommet de l’État dans la sous-région peut paraître puérile voire pathétique pour des économies à base de fiscalité. Est-ce à dire qu’en partant, Macky a amené avec lui tous les fonctionnaires de la douane, des impôts, du trésor public et des autres régies financières ? Comme si à l’arrivée du nouveau pouvoir plus personne ne paie de taxes ou d’impôts, plus aucun importateur ne passe le cordon douanier sénégalais au point où il n’y aurait plus rien dans les caisses.
Mais en attendant le retour de l’argent dans les caisses, Diomaye et Sonko auraient pu profiter de ce temps d’oisiveté pour parachever le discours de leur parti le Pastef. L’un d’eux disait il y a peu à Assimi Goita nommément cité de tenir bon et que le Sénégal viendrait bientôt aider le Mali à chasser les terroristes de son territoire. Les divers panafricanistes du continent aimeraient bien avoir la version actualisée de la charge régulière contre le CFA par le Pastef. Au-delà donc des enjeux sénégalo-sénégalais, les nouveaux maîtres avaient l’habitude de tancer les goulots préjudiciables à la marche du continent africain vers son essor. Que deviennent tous ces engagements ?
Je n’ose pas croire que l’inspiration venait exclusivement de la présence de Macky au pouvoir !