Dans une interview qu’il a accordée au magazine Jeune Afrique du mois de mars, le député de la majorité présidentielle, Orden Alladatin s’est prononcé sur les choix de gouvernance de Patrice Talon. Il justifie également le manque d’adhésion que rencontrent certaines réformes engagées depuis 2016.
« Nous avons fait le ménage dans les pratiques en place et, aujourd’hui, nous en payons le prix », a déclaré, sans détour, le député du camp présidentiel. Il reconnaît ainsi que les méthodes de gouvernance du président de la République ne reçoivent pas l’assentiment d’une grande partie des Béninois. A l’en croire, Patrice Talon n’est pas venu au pouvoir pour plaire, mais plutôt pour dérouler un agenda d’assainissement de la vie publique et de lutte contre la corruption qui lui tenait à cœur. C’est ce qui l’a amené à initier des réformes politiques qui ont été largement décriées. Au nombre de celles-ci, la révision du Code électoral et l’adoption d’une nouvelle charte des partis politiques. Des lois qui ont empêché la participation de l’opposition à certaines élections. Il le fallait tout de même, explique Orden Alladatin qui, pour dédouaner son patron, déclare que « le jeu démocratique béninois était en perdition ».
Jeune Afrique a aussi interpellé Orden Alladatin sur le recul des libertés individuelles. Sur la question, le ténor de l’Union Progressiste le Renouveau prend la défense de Patrice Talon en ces termes : « Au Bénin, chacun a la liberté d’aller et venir, et je ne crois pas que les libertés individuelles soient entravées ». Quant à la cherté de la vie qui secoue les Béninois depuis quelques années, le député ne s’est pas montré plus ouvert. Il demande à son interlocuteur de comparer la situation du Bénin à celles des pays environnants pour se convaincre de l’effort du gouvernement. Il affirme donc : « Nous sommes l’un des rares pays à maintenir un taux d’inflation très raisonnable et nous avons pris des mesures, comme l’augmentation des salaires ».
Sur le plan politique, le retour de l’opposition au parlement avec les députés du parti Les Démocrates ne semble pas effrayer le camp au pouvoir. Orden Alladatin est conscient que les débats au sein de l’hémicycle augmenteront en intensité, mais dans le même temps, il prévient : « Du point de vue de l’efficacité de l’action gouvernementale, rien ne changera. Nous tiendrons résolument le cap des réformes ».
L’un des points, les plus importants inscrits à l’agenda des 28 élus de l’opposition, est de proposer une solution législative pour obtenir la libération des prisonniers politiques, en l’occurrence Reckya Madougou et Joël Aïvo. Sur la question, Orden Alladatin rassure de la disponibilité de la majorité parlementaire à « discuter ». Mais il refuse qu’on utilise le terme « prisonnier politique » pour qualifier les personnalités emprisonnées.