Crise politique au Niger : suspension de radio Oméga du Burkina-Faso

Crise politique au Niger : suspension de radio Oméga du Burkina-Faso

La liberté de la presse est un pilier fondamental de toute démocratie. Cependant, face aux enjeux politiques, leur droit semble bien lésé. C’est le cas de Radio Oméga, une station de radio burkinabé, qui a été suspendue après avoir diffusé une interview avec un opposant à la junte nigérienne.

Le gouvernement du Burkina Faso a suspendu Radio Oméga ce jeudi 10 août 2023. Cette décision selon les autorités, a été prise « au nom de l’intérêt supérieur de la nation ». En effet, Ousmane Abdoul Moumouni, porte-parole du mouvement pour la restauration de la démocratie au Niger a indiqué dans son intervention que « tous les moyens » seront utilisés contre les militaires nigériens, afin de rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays. Le gouvernement burkinabé considère qu’en diffusant cette interview, Radio Oméga a pris des « libertés inacceptables avec l’éthique et la déontologie de la profession de journaliste ». Il juge le discours de l’invité d’injurieux envers les nouvelles autorités nigériennes.

La suspension de Radio Oméga n’est pas un cas isolé. Au Bénin, un autre média, le groupe de presse “La Gazette du Golfe”, a également été sanctionné pour son traitement de l’actualité du coup d’État au Niger. Contrairement à Radio Oméga, “La Gazette du Golfe” a été suspendue pour avoir fait l’apologie du coup d’État, selon la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac). Ces suspensions soulèvent des questions sur la liberté de la presse en Afrique de l’Ouest face aux enjeux politiques.

Dans un communiqué publié sur Twitter ce vendredi 11 août 2023, la direction générale de Radio Omega a contesté la décision de sa suspension et a indiqué qu’elle usera de « toutes les voies de recours ».

Lire ci-dessous la réaction de Radio Omega après sa suspension

« COMMUNIQUÉ SUITE À LA SUSPENSION DE RADIO OMÉGA PAR LE GOUVERNEMENT

C’est par voie de communiqué que Radio Oméga a pris connaissance de la décision du gouvernement de « suspendre, et ce, jusqu’à nouvel ordre », la diffusion de ses programmes.

La direction de Radio Oméga élève une vive protestation contre cette décision injuste et sans fondement.

Radio Oméga ne se reconnaît nullement dans les arguments avancés par le communiqué du gouvernement pour justifier sa suspension.

Notre média, soucieux du droit à l’information des Burkinabè, se veut libre, professionnel et ouvert aux différents courants politiques. C’est pourquoi Radio Oméga tient à rappeler que le 1er octobre 2022, elle a ouvert son antenne au Capitaine Ibrahim Traoré, alors que son coup d’Etat contre le Lieutenant-colonel Paul Henri Damiba n’était pas consommé. C’est donc sur Radio Oméga qu’il a pris la parole pour la première fois, au moment où les deux camps se faisaient encore face et se disputaient toujours le pouvoir.

C’est dans le même souci de donner la parole à toutes les parties d’un conflit politique que la radio a initié une série d’entretiens réalisés depuis le début de la crise politique au Niger. C’est ainsi que l’antenne a été ouverte à des acteurs politiques et de la société civile des deux camps qui se disputent le pouvoir au Niger depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023. C’est dans cette dynamique que notre rédaction dont nous saluons le professionnalisme a interviewé un conseiller du Président Mohamed Bazoum et porte-parole du Conseil de la résistance pour la République.

Comme tout le monde peut s’en rendre compte, Radio Oméga n’a fait que son travail en toute indépendance et dans le respect de la déontologie qui guide le métier des professionnels des médias. La décision prise par le gouvernement est donc plus que surprenante et injustifiée.
Cette suspension de Radio Oméga sans préavis et sans notification préalable de la structure en charge de la régulation des médias est une violation flagrante des lois en vigueur et une atteinte inacceptable à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, si chèrement acquises par nos devanciers.

La décision du gouvernement est prise après de nombreuses menaces de mort à l’endroit de dirigeants et journalistes de Radio Oméga de la part de personnes se présentant comme des soutiens du pouvoir et qui appellent avec insistance à la suspension de nos programmes.

Résolument attachée à sa ligne éditoriale, notre média a toujours œuvré pour un environnement médiatique libre et pluriel dans notre pays.

Radio Oméga remercie ses auditeurs, les représentants des organisations professionnelles des médias, les organisations de défense des droits de l’homme et toutes les personnes attachées à la liberté de presse et d’expression pour leurs mots de soutien à l’endroit de sa direction et de son personnel.

Face à une décision aussi inacceptable, Radio Oméga va user de toutes les voies de recours.

La direction générale»

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