12 septembre 2024

Crise bénino-nigérienne : le politologue Expédit Ologou analyse les vraies sources

Crise bénino-nigérienne : le politologue Expédit Ologou analyse les vraies sources

La crise diplomatique entre le Bénin et le Niger préoccupe de plus en plus les observateurs de la région. Expédit Ologou, politologue et chercheur en Science politique, Maître-Assistant des Universités du CAMES et président du Civic Academy for Africa’s Future (Ciaaf), a publié le mardi 21 mai une analyse détaillée des causes et des conséquences de cette crise. Intitulé ‘’ Malentendu bénino-nigérien : sources et ressources pour sortir de la crise’’, cet article met en lumière les erreurs diplomatiques commises par les autorités des deux pays, lesquelles tirent leurs sources de l’ « orgueil de Talon et de Tchiani ».

Les fautes diplomatiques de Patrice Talon

L’un des points fondamentaux soulevés par Expédit Ologou dans son article, est l’attitude du président béninois qui s’est positionné comme « porte-parole va-t-en-guerre » de la CEDEAO quand il s’est agi de sanctionner le coup d’État de juillet 2023 au Niger. Selon le politologue, le chef d’Etat béninois a confondu les putschistes nigériens à ses opposants politiques internes, qu’il peut facilement « faire frémir, prendre le chemin de l’exil ou que l’on éconduit en prison ».

En appliquant à la lettre les sanctions de la CEDEAO, Patrice Talon a sans doute exacerbé les tensions avec le Niger, car il a renforcé la méfiance des putschistes de Niamey. Il a positionné son pays comme ennemi des nouvelles autorités nigériennes, une faute impardonnable selon les putschistes. Patrice Talon, trop préoccupé à prouver sa proximité avec le Nigéria, a négligé les réalités complexes des relations internationales, pendant que les autres pays comme le Sénégal et le Nigéria se rangeaient pour tisser de bonnes relations avec les militaires.

La réouverture des frontières béninoises avec le Niger après la levée des sanctions de la CEDEAO n’a pas trouvé de réciprocité immédiate de la part du Niger. « Le Général Tchiani maintient les frontières nigériennes fermées donnant l’impression que le Niger est le seul acteur qui dicte le tempo des relations entre les deux pays », indique Expédit Ologou. Le maintien des frontières nigériennes fermées par le Général Tchiani a accentué le sentiment de frustration au Bénin, selon le politologue. C’est dans un climat pareil que Patrice Talon commet la seconde faute diplomatique : l’embargo sur le pétrole nigérien.

Niger, le rancunier ?

Les autorités ont également fait preuve d’orgueil et de méprise des principes des relations internationales. Selon Ologou, les dirigeants nigériens se comportent souvent comme des « enfants capricieux, qui croient pouvoir tout obtenir sans contrepartie douloureuse ». Les autorités nigériennes, bien qu’étant des militaires expérimentés, semblent négliger, selon le politologue, l’importance du rapport de force dans les relations internationales. Ils ne devraient pas perdre de vue que le pipeline Niamey-Cotonou et le port de Cotonou représentent des atouts stratégiques pour le Bénin « dans la structuration des relations entre les deux Etats », une raison de plus pour que les militaires rouvrent leur frontière. Cependant, en la maintenant fermée, les dirigeants nigériens démontrent une attitude de défiance qui complique la résolution du conflit.

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