Alors que la corruption transfrontalière semblait conjuguée au passé, un nouveau phénomène de corruption émerge au niveau des frontières terrestres béninoises. Bien que de telles pratiques aient été reléguées à un souvenir lointain, il apparaît que ces dérives existent encore. Entretenues par certains policiers à la frontière, elles sont menées avec la complicité de certains cadres de la Police Républicaine. Ces derniers, considérant qu’ils sont redevables aux agents affectés dans les commissariats frontaliers, ferment souvent les yeux sur ces malversations.
Selon les dénonciations faites par l’ONG Bénin Diaspora Assistance, un étudiant béninois, titulaire de l’ancien format de carte d’identité béninoise (carte de couleur jaune, ndlr) encore valide, se trouvant à bord d’un bus (de la compagnie Rimbo Transport) en direction du Togo a été obligé de payer 1000F comme tous les autres passagers. Ces faits se sont déroulés dans la nuit du 28 au 29 décembre 2024, à la frontière de Hillacondji. C’est une pratique répréhensible de la police béninoise qui semble anodine, mais il en existe une longue série.
Dans un autre cas qui s’est produit le 11 janvier 2025, lors du passage d’un bus STM à la frontière Ouaké Kara – Djougou, les agents de la police Républicaine ont de nouveau exigé 1.000 CFA par passager sans émettre de reçu. Cette pratique n’était pas isolée, et les policiers béninois se sont montrés actifs en récoltant de l’argent sur des documents d’identité CEDEAO encore valides, jusqu’en 2030.
Un système de corruption bien organisé
Selon les enquêtes publiées par l’ONG Bénin Diaspora Assistance, les convoyeurs de bus de transport traversant les frontières béninoises semblent avoir été briefés en amont. Chaque passager, après avoir payé son billet de voyage de 45.000 CFA, doit également se délester d’une somme supplémentaire de 20.000 CFA au titre des frais de route, alimentant ainsi la corruption transfrontalière. Ce qui correspond à un total de 65.000 CFA par passager pour un trajet Bamako-Cotonou, sans compter d’autres frais illégaux.
Les policiers des postes frontaliers béninois, selon les témoignages, ne se contentent pas d’encaisser l’argent des voyageurs, mais usent également de menaces. À Hillacondji, les convoyeurs des bus collectent les sommes de corruption sous pression, avec l’avertissement que tout passager réfractaire serait exclu du voyage. À Djougou, à la frontière de Ouaké, les policiers béninois reçoivent directement les paiements en main propre des passagers qui traversent à pied.
Ce qui ressort de ces récits inquiétants, c’est la persistance de la corruption transfrontalière, et son implication directe dans l’érosion de l’image de prestige du Bénin à l’international. Les passagers sont constamment sous la pression des policiers, qui exercent leur pourvoir sans répit. Les convoyeurs des bus se retrouvent donc dans une situation difficile où ils doivent se plier aux exigences des forces de l’ordre ou risquer des représailles.
Le silence coupable de la hiérarchie
Les accusations ne s’arrêtent pas aux seuls policiers de terrain. Nos sources ont soulevé des préoccupations graves concernant le système de recrutement et de gestion des policiers affectés aux frontières. Ces faits se produisent au sein d’un cercle vicieux où la hiérarchie policière, elle-même corrompue, encourage et tolère ces pratiques, sans réel contrôle.
Dans sa publication, l’ONG Bénin Diaspora Assistance alerte l’opinion publique nationale et internationale sur la persistance de ces mauvaises pratiques qui ternissent l’image du Bénin, bien au-delà de ses frontières. Elle lance un appel aux autorités compétentes, notamment les instances de contrôle et de répression des tracasseries routières, afin que des mesures concrètes soient prises pour mettre fin à cette corruption systématique. À travers ces pratiques douteuses, c’est la réputation de la Police Républicaine qui est entachée et le principe de la libre circulation des personnes est, quant à lui, entravée.