Corruption au sein de la hiérarchie policière : la DGPR entièrement souillée

Soumaïla Yaya DGPN

La lutte contre la corruption en Afrique est un combat de longue haleine, et un exemple frappant de cette réalité se trouve au Bénin. Malgré les efforts du gouvernement depuis quelques années, le phénomène persiste dans les coulisses au sein de la hiérarchie policière. La corruption est devenue un problème majeur qui gangrène la corporation et met en péril la sécurité du pays.

Longtemps dénoncée, la corruption s’est enracinée de manière profonde dans les rouages de l’État béninois, notamment au sein de la hiérarchie policière. Un phénomène pernicieux qui se manifeste dès les critères d’affectation des policiers aux frontières, jusqu’à l’organisation des concours d’entrée dans la police. C’est une gangrène qui ronge l’administration, avec la complicité des hauts responsables. Le fléau est devenu insoutenable sous l’exercice de l’actuel Directeur Général de la Police républicaine Soumaïla Yaya.

En effet, pour obtenir un quelconque avantage aujourd’hui au sein de la police républicaine du Bénin, il y a une condition sine qua non : connaître les circuits de ceux proches de la direction. Condition sans laquelle, aucune affectation, aucune mission ou aucune admission n’est possible, qu’importe le niveau de connaissance du candidat. Le système de corruption est profondément enraciné dans la hiérarchie et personne ne s’y oppose.

Tout commence par le processus d’affectation des commissaires et policiers aux frontières. Selon nos sources, pour obtenir une affectation dans des zones sensibles comme les frontières, les commissaires doivent débourser jusqu’à 2 millions de francs par mois. Quant aux policiers de rang inférieur, ce montant est réduit à 500 000 francs. Cette somme est payée aux proches de la direction, sans reçu ni garantie.

Face à cette situation, plusieurs interrogations se posent : comment expliquer qu’un commissaire, dont la mission est censée être la sécurité du territoire, soit contraint de vendre des services ou d’autres marchandises pour amasser une somme aussi colossale chaque mois ? Quelle est l’ampleur de cette corruption qui touche non seulement les affectations mais aussi l’attribution de missions ?

Le système corruptif s’étend à tous les niveaux

Le phénomène ne s’arrête pas aux frontières. Les concours d’entrée dans la police sont également pervertis par la corruption. À ce titre, l’exemple cité par notre source est celui du concours des commissaires. Pour y accéder, les candidats doivent verser un million de francs. « C’est 1 million, paraît-il, que les victimes donnent, 1 million, sinon vous pouvez être plus au top même que Victor Hugo, vous pouvez être plus au top que les meilleurs écrivains au monde, vous allez échouer si la hiérarchie ne marche pas », a souligné la source.

Cette situation fait planer un doute sur l’équité du système et sur les qualifications réelles des personnes recrutées. Ceux qui, malgré leurs compétences, n’ont pas les moyens de verser cette somme sont laissés de côté, ce qui contribue à une hiérarchisation injuste des fonctions dans la police.

Dans ce contexte, la corruption omniprésente, est renforcée par des histoires de primes volées et d’abus de pouvoir, contribuant à démoraliser les agents sur le terrain.

Les missions et les primes : Un autre système détourné

Les missions à l’étranger ne sont pas exemptes de cette corruption. Les policiers, envoyés en mission de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU, n’ont pas toujours été payés correctement. En 2019, des agents en mission à Kidal ont vu leurs primes, qui auraient dû être versées après 12 mois de service, volées par la hiérarchie, qui a délibérément refusé de reverser les 6 mois de primes supplémentaires dues aux agents. Il a fallu l’intervention des Organisations non gouvernementales, nous apprend notre source, pour voir la hiérarchie reverser ces primes volées, s’élevant à 2.100.000 francs pour chaque agent.

Des efforts consentis par des ONG telles que Bénin diaspora Assistance, auprès des Nations Unies pour rappeler les responsables policières à la raison

Il est évident que ce système de corruption érigé en norme au sein de la hiérarchie policière est non seulement immoral, mais il compromet également la sécurité du pays. Dans ce contexte, il est crucial que des réformes profondes soient mises en place. L’une des solutions proposées le président de l’ONG Bénin Diaspora Assistance est la création d’une commission d’audit des patrimoines des hauts responsables de la hiérarchie policière. Cette commission pourrait, grâce à des mécanismes rigoureux de traçabilité, identifier et récupérer les biens détournés, y compris les avoirs bancaires.

Une telle mesure permettrait d’établir une réelle transparence et de punir les responsables de cette corruption systématique. Le gouvernement de Patrice Talon l’a déjà fait. Mais le silence actuel du président de la république soulève des doutes. En plus de la nomination récente de Soumaïla Yaya, la problématique devient encore plus préoccupante.

Le président Patrice Talon, s’il veut vraiment s’attaquer à ce problème de corruption, doit prendre des mesures fermes et immédiates. Il doit exiger la transparence totale concernant les primes et les affectations des policiers. Les réformes doivent aussi toucher les modalités d’affectation et de recrutement, afin d’assurer que les meilleurs éléments, et non ceux qui peuvent se permettre de payer, soient choisis pour servir la nation.

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