Cet homme a fait 20 ans de prison, pour rien !

Issa Gogan, abusivement détenu pendant 20 ans à la prison civile de Cotonou

Tout le monde se souvient encore du courrier historique que le professeur Joël Aïvo avait envoyé le 8 mars dernier à l’ex garde des sceaux, Sévérin Maxime Quenum. L’opposant béninois arrêté le 15 avril 2021 dans la foulée de l’élection présidentielle, puis condamné à 10 ans de prison pour « tentative de coup d’état et blanchiment d’argent » avait entre autres choses, dénoncé le sort d’une dizaine de prisonniers, oubliés en prison depuis plus de 10 ans. Suite à cette dénonciation et grâce à l’opiniâtreté de ses avocats, deux des plus vieux prisonniers ont été libérés d’office, comme le prévoit la loi. Issa Gogan après 20 ans de prison et Ulrich Kinda 18 ans après. Mais avant cette lettre du professeur Aïvo au ministre de la justice, ses avocats nous ont confirmé qu’ils avaient déjà aidés à sortir de la même prison 3 autres détenus que le professeur Aïvo leur avait confiés.

Nous avons rencontré l’un d’entre eux, Issa Gogan qui était le plus ancien des détenus de la prison civile de Cotonou. Incarcéré en 2003, il a passé 20 ans et 2 mois en prison sans avoir jamais été jugé, et ce, en dépit d’une décision de la cour constitutionnelle qui a déclaré sa détention illégale. En jetant un regard sans concession sur la Justice béninoise, il nous a raconté avec beaucoup d’émotion l’enfer qu’il a vécu, le rôle décisif qu’a joué le professeur Joël Aïvo dans sa libération, et ses projets pour l’avenir.  

Olofofo : Monsieur Issa Gogan, qu’est-ce qu’on ressent lorsqu’on passe la porte de la prison en homme libre, après avoir passé plus de 20 ans derrière les barreaux ?

Issa Gogan : Le jour de ma libération était un grand jour pour moi. En franchissant la porte de la maison d’arrêt de Cotonou, j’ai eu des émotions mitigées. Après vingt (20) années d’incarcération, on est forcément soulagé et heureux de pouvoir enfin goûter au parfum de la liberté. Mais dans le même temps, j’étais triste de me rendre compte à quel point ma vie avait été détruite. J’ai perdu tout ce que j’avais laissé derrière moi le jour où on m’a arrêté. Si je n’avais pas de sang-froid, je me serais peut-être déjà donné la mort, tellement j’étais dévasté de voir le désastre que je voyais devant moi.

Olofofo : Vous n’étiez donc pas vraiment heureux de retrouver la liberté ?

Issa Gogan : Non, ce n’est pas ça ! La prison, c’est l’enfer ! Mais une fois dehors, il faut affronter une nouvelle vie, de nouvelles réalités. J’étais comme un étranger débarqué dans un pays où je n’avais plus aucun repère. Je ne connaissais pratiquement plus personne, plus aucun endroit. Mes biens ont été dilapidés. Voyez vous-mêmes, depuis vingt ans ce que j’aurais pu réaliser dans ma vie. J’avais des projets pour moi-même, pour ma famille. Si j’avais été libre, j’aurais créé des choses. En me séquestrant en prison, ils m’ont empêché de réaliser mes rêves (sa voix tremble de sanglot et ses yeux rougissent et s’imbibent de larmes). Aujourd’hui, j’appelle seulement Dieu à mon secours, j’ai besoin qu’il me donne de la force, parce que je sais que si je ne suis pas assez fort, ce sera moi le perdant.

Olofofo : Comment vous êtes-vous retrouvé en prison ?

Issa Gogan : J’ai été arrêté au début de l’année 2003 et placé en détention le 21 mai 2003. Peu de temps après, mon dossier a été mis en instruction au niveau du deuxième cabinet d’instruction du tribunal de première instance de Cotonou. C’est le juge Faladé (Valentin Faladé, Ndlr). Deux (2) ans plus tard, en 2005, ils m’ont dit que l’instruction était terminée, que mon dossier avait été transféré à la chambre d’accusation et que mon procès serait programmé bientôt.

‘’Sans personne pour me défendre, j’étais leur otage, condamné à finir ma vie en prison’’.

Depuis ce jour, je n’ai plus jamais été convoqué devant un juge. Personne ne m’a jugé. Quand j’ai commencé à m’inquiéter, les autorités carcérales m’ont demandé de saisir le cabinet d’instruction. Je l’ai fait à plusieurs reprises, et à chaque fois c’est la même réponse : on ne retrouvait plus mon dossier, ni au cabinet d’instruction, ni à la chambre d’accusation. Mon dossier s’était volatilisé, comme par enchantement. C’est seulement la copie de la maison carcérale qu’on retrouvait. Pour la justice béninoise, je n’existais plus. Sans personne pour me défendre, j’étais leur otage, condamné à finir ma vie en prison. Mais je ne savais pas que Dieu lui, ne m’avait pas oublié, je ne savais pas qu’il m’enverrait un jour un sauveur en la personne du « président » Joël Aïvo (une goutte larme coule sur sa joue droite) …

Olofofo : Avant de parler du professeur Aïvo, dites-nous, pour quel délit aviez-vous été arrêté ?

Issa Gogan : Il n’y a aucun problème, je n’ai rien à vous cacher. C’est pour un litige domanial avec ma propre famille que je me suis retrouvé derrière les barreaux. J’avais deux frères et deux sœurs et nous habitions au quartier Hindé (Cotonou) avec nos parents. Mes relations avec notre père n’étaient pas très bonnes. Il était sous l’emprise de l’un de ses frères qui convoitait une de ses parcelles. Mon oncle avait retourné mon père contre moi à tel point que ce dernier ne voulait plus me voir même pas me sentir de loin. La situation m’agaçait beaucoup et j’avoue que sous la pression, je le défiais aussi un peu. Un jour, un de mes frères (il s’appelle Yaya) m’a interpellé pour me renouveler une vieille proposition que je trouvais indécente. Il me proposait de le laisser s’occuper et profiter seul des biens de notre père pendant que je m’occuperais, moi, des biens de notre mère, alors que nos parents vivaient encore. Pour moi c’était hors de question. Je lui ai donc dit d’aller se faire voir, le ton était monté et je l’ai giflé. Une bagarre a éclaté et notre père s’en est mêlé. En le fuyant, j’ai sauté dans le caniveau qui passait devant notre maison à Hindé. Il y a sauté aussi et s’est cassé un os. Il ne savait pas nager et ce sont d’autres personnes qui l’avaient aidé à sortir de l’eau. Peu de temps après, un de mes cousins, Olivier, m’a invité à discuter et quand je me suis présenté au lieu du rendez-vous, je découvrais à ma grande surprise que c’était un piège pour me livrer à la police.

‘’Ils m’ont obligé à vivre avec des braqueurs, des tueurs, des criminels de toutes sortes. Pour rien du tout.’’

Le commissaire de Hindé m’attendait, c’était le commissaire Adéoti (paix à son âme), il me tient en joug avec son AKM (fusil d’assaut de fabrication soviétique très courant chez les forces de défense et de sécurité du Bénin, Ndlr) et menaça de m’abattre si jamais je bougeais. Il m’embarqua par la suite au commissariat de Hindé où j’ai été gardé pendant au moins trois semaines, alors que le délai légal de la garde-à-vue était à l’époque de deux jours. Je découvre au cours de ma garde-à-vue que c’est en complicité avec le petit frère de mon père que mon cousin m’avait fait arrêter. Aucun d’entre eux ne m’a rendu visite durant les 20 années de ma détention.

Mais je voudrais insister sur un point (il pleure à chaudes larmes), là où on m’a envoyé, c’est l’enfer. Je ne le souhaite à personne. Si tu t’y retrouves et que tu n’es pas quelqu’un de conscient, tu en ressors avec des défauts pires que ceux pour lesquels tu y es entré. Ils m’ont obligé à vivre avec des braqueurs, des tueurs, des criminels de toutes sortes. Pour rien du tout.

Olofofo : Après 20 ans de prison vous disiez que vous n’espériez plus un jour sortir libre. Qu’est-ce qui s’est passé pour que vous vous retrouviez aujourd’hui dehors, libre de vos mouvements ?

Issa Gogan : C’est Dieu qui décide tout ce qui arrive dans votre vie. C’est pour ça que je le remercie de tout mon cœur. C’est lui qui m’a envoyé « le président » (le professeur) Joël AÏvo. Il est vraiment un don de Dieu. Pourtant, quand il a été enfermé en avril 2021 dans notre prison (prison civile de Cotonou), je gardais mes distances avec lui, alors qui rendait service à tout le monde. Il donnait de l’argent aux détenus qui en avaient besoin et apportait de l’assistance juridique à ceux qui lui en demandaient. Il y avait des prisonniers qui comme moi, avaient été oubliés en prison par la justice, et il a réussi à les faire libérer. Je pense à Allagbé Clément par exemple (libéré en juillet 2022 après plus de 18 ans de prison, Ndlr). Sa libération était pour tous les détenus un miracle. Tout comme moi, personne ne croyait qu’il sortirait vivant de cette prison.

‘’ Tout le monde m’avait déjà oublié. Je n’existais plus. J’étais comme mort.’’

C’est après sa sortie que j’ai décidé d’aller me confier au « président ». Je suis passé par le chef de son bâtiment, M. Bienvenu Vitogo. C’est lui qui a pris rendez pour moi auprès du président. Il m’avait reçu avec beaucoup d’humilité et m’avait écouté très attentivement. Quand il s’est rendu au bureau greffe de la prison pour consulter mon dossier, il en était revenu complètement choqué. J’apprends par lui que si j’avais été reconnu coupable du délit qui m’avait conduit dans cette prison, ma peine n’aurait pas dépassé 3 à 5 ans maximum. Je venais pourtant de passer près de 20 ans de ma vie là, à attendre un procès et un jugement. Le « président » (Joël Aïvo) m’a alors demandé de partir. Quelques temps après, mes codétenus m’informent qu’on parlait de moi à la télé (en mars 2023, dans la foulée de la lettre de l’opposant à l’ex garde des sceaux, Me Ousmane Fatiou, l’un de ses avocats, était reçu sur le plateau de France 24 pour évoquer le sort des détenus oubliés en prison à Cotonou, Ndlr) et que j’allais probablement bientôt sortir. J’ignorais que « le président » avait demandé à ses avocats de s’occuper de mon dossier (sa voix tremble à nouveau d’émotion, et ses yeux se gonflent de larmes). Et j’en suis là aujourd’hui. (Il marque une longue pause pour pleurer). Je ne sais vraiment pas comment le remercier, à part le confier à mon Dieu.

‘’ Si Joël Aïvo n’avait pas été emprisonné, je crois que jamais je ne sortirais de là vivant. Son arrivée à la maison d’arrêt de Cotonou est un miracle.’’

Qu’il le garde en bonne santé afin de poursuivre ses bienfaits. Tout le monde m’avait déjà oublié. Je n’existais plus. Même pour ma propre famille, j’étais comme mort. Ils étaient choqués de me revoir, vivant, libre ! Et ça, je le dois au « président » Aïvo.

Olofofo : comment appréciez-vous son action ?

Issa Gogan : Vous savez, avant son arrivée à la prison de Cotonou, je ne connaissais le « président » Aïvo ni d’Adam ni d’Eve. Je ne suis pas membre de sa famille, je n’étais rien pour lui. Pourtant, vous-mêmes voyez le bien qu’il m’a fait. Celui qui se bat pour vous sortir de prison alors que lui-même y est pour les raisons que vous savez, n’est pas un homme ordinaire. Pour moi et pour tous les pensionnaires de la prison civile de Cotonou, le « président » est un envoyé de Dieu. Son arrivée à la maison d’arrêt de Cotonou est un miracle. En sortant de prison, je lui ai promis de ne plus jamais me retrouver dans les liens de cette justice. Je crois que ne pas céder à la colère, éviter les provocations, c’est une très bonne manière de lui rendre témoignage du bien qu’il m’a fait. Je ne sais vraiment pas de quelle autre façon je pourrais le remercier. S’il n’avait pas été arrêté et envoyé dans cette prison, je crois que jamais je ne sortirais de là vivant.

Olofofo : Qu’avez perdu au cours de ces vingt (20) années de prison ?

Issa Gogan : Je vais être sincère avec vous. Il ne me reste rien. En prison, j’ai tout perdu. J’ai perdu ma dignité d’être humain. Je vous l’ai dit, pour le système judiciaire, pour l’État béninois, je n’existais plus en tant que personne. J’ai perdu également ma femme et ma fille unique. Ma femme j’ai dû la libérer au bout de quelques années de détention. Quant à ma fille, elle avait à peine 5 ans quand j’avais été arrêté, je ne l’ai pas revue depuis. Aujourd’hui, je la cherche partout désespérément. Je ne sais même pas si elle vit encore. Je me suis déjà rendu plusieurs fois à l’endroit où j’ai rencontré sa mère, personne ne sait où elles sont aujourd’hui. Mais j’ai perdu aussi tous mes biens. Ils ont été dilapidés par je ne sais qui, parce qu’on pensait que jamais je ne reviendrais vivant. Notre père est mort quand j’étais en prison et ma part d’héritage a été coupée par ma famille. En fait, ma vie aujourd’hui est un désastre. Je vois les gens de ma génération, mes amis d’enfance, je vois ce qu’ils ont réalisé et je me dis, quel gâchis ! En 20 ans, je me serais certainement construit une autre vie que celle-ci…

Olofofo : Justement, monsieur Gogan, qu’attendez-vous de la vie à présent ? Avez-vous des projets ? Comment comptez-vous reprendre votre vie en main ?

Issa Gogan : Je dois tout reconstruire à partir de zéro. Croyez-moi, je suis déterminé à le faire. Je veux remettre ma vie à l’endroit pour trouver la paix et prouver à ceux qui m’ont fait ça que je n’étais pas fini. J’étais un mécanicien vélomoteur, j’étais en congé de libération, j’avais déjà ouvert mon atelier et je gagnais assez bien ma vie pour un jeune homme de mon âge.

‘’Ils ont détruit ma vie. Je dois la reconstruire à partir de zéro. Les gens qui durent comme ça en prison replongent, parce qu’ils n’arrivent pas à se réinsérer.’’

Aujourd’hui, ma priorité est de trouver une activité économique. Mon projet, c’est de passer le permis de conduire et de devenir chauffeur. Mais je n’ai pas l’argent pour le faire. Je demande à toutes les bonnes volontés de m’aider. Comme ça, je vais pouvoir me lancer. Je ne demande pas à ce qu’on m’achète une voiture, juste m’aider à passer le permis. La plupart des gens qui durent comme ça en prison replongent, parce qu’ils n’arrivent pas à se réinsérer. Et moi, je n’ai aucune envie de retourner dans cet enfer. Je demande de l’aide.

Olofofo : Que pensez-vous de la justice béninoise ?

Issa Gogan : Selon moi, nous n’avons pas de justice au Bénin. Mon expérience en prison m’a permis de comprendre que la prison est réservée pour les pauvres. J’ai eu des codétenus qui étaient entrés en prison pour des crimes de sang. Je connais quelqu’un qui a tiré sur une personne et l’a tuée dans un braquage de voiture. Il a été libéré au bout de deux (2) ans parce qu’il avait de l’argent. En vingt (20) ans de prison, j’ai vu des choses inimaginables. Peu importe ce que tu as fait, si tu as de l’argent, tu échappes à la prison. Regardez, moi, ils ont fait disparaître mon dossier. En tout cas c’est perdu. Pourtant, on m’a maintenu en prison, alors que la loi dit qu’au bout d’un certain temps il faut libérer les prisonniers dont l’instruction n’est pas terminée. Si le « président » Aïvo n’était pas venu, s’il n’avait pas mis ses avocats à ma disposition, je serais encore là. C’est très injuste. Les autorités de notre pays doivent revoir ça. Nous étions même plusieurs à avoir saisi la cour constitutionnelle. La cour a déclaré que nos détentions étaient illégales et a demandé à ce qu’on nous libère. Pourtant la justice a ignoré ces décisions, comme si la cour constitutionnelle n’était rien. Est-ce qu’un juge a le droit de violer la loi ou de mépriser les institutions ? Je vous le répète, nous n’avons pas de justice au Bénin.

Olofofo : Puisque vous n’aviez pas été jugé, on aurait dû vous libérer au bout de quelques années. Est-ce que vous allez attaquer l’état béninois en justice et demander réparation de cette détention abusive ?

Issa Gogan : Sincèrement, j’y ai pensé. Ce serait un minimum pour réparer le mal qu’ils m’ont fait. Je pense même que si l’état commence à dédommager des gens que la justice prend en otage comme moi, ils feront plus attention. Mais vous savez, ce genre de chose, il faut avoir du soutien pour le faire. Je n’en ai pas, je ne sais pas comment le faire et je n’ai même pas les moyens de me payer un avocat. Honnêtement, si je trouve l’argent d’avocat aujourd’hui, je l’investirai d’abord pour me créer une activité économique. Parce que sans travail, tu n’es rien. Vous par exemple vous n’êtes pas des membres de ma famille, pourtant quand vous avez appris ce qu’ils m’ont fait vous avez décidé de m’aider à le raconter à tout le monde et à faire connaitre les difficultés que j’ai aujourd’hui pour vivre, me réinsérer.

‘’Nous n’avons pas de justice au Bénin. Les juges ont même ignoré une décision de la cour constitutionnelle qui demandait ma libération.’’

Celui qui te fait ça, est comme ton Dieu. Si j’avais du soutien, je demanderais réparation, parce que mon cas a choqué tout le monde dans la maison. On juge les gens, ils connaissent leur peine et moi, ils m’ont gardé là, sans jugement. Entretemps, ils m’ont même envoyé à Missérété où j’ai passé cinq (5) ans. Il a fallu que je commence à faire du bruit pour qu’on m’envoie à la prison de Lokossa, l’une des pires prisons du Bénin, avec celle de Porto-Novo. Elles ont la réputation d’enregistrer le plus grand nombre de morts parmi les détenus au Bénin. Je craignais vraiment pour ma vie. Mais à force de négocier, le régisseur de Lokossa a fini par me ramener à Cotonou, près de mon dossier.

Olofofo : Monsieur Issa Gogan, cet entretien est presque terminé. Quel est votre mot de la fin ?


Issa Gogan : D’abord vous remercier une fois encore pour cette opportunité que vous m’offrez de parler de l’injustice que j’ai subie. Grâce à vous, tout le monde saura ce qu’ils m’ont fait. Mais il y a encore beaucoup de gens comme moi à la prison de Cotonou, peut-être même dans d’autres prisons béninoises. Ils n’ont pas été reçus une seule fois par un juge depuis très longtemps qu’ils ont été envoyés en prison. Je voudrais interpeller les organisations de défense des droits de l’homme. Normalement, leur travail est de défendre les droits de l’homme. Nous les voyons beaucoup à la télé. Mais je pense qu’elles ne font pas bien leur travail. Elles visitent régulièrement les prisons, elles sont au courant de toutes les violations que subissent les prisonniers, mais ne font rien. Je vous supplie de leur dire de traduire leurs beaux discours en actes concrets. Je voudrais aussi sensibiliser les populations pour qu’elles défendent réellement leurs droits, qu’elles n’attendent pas, comme moi, d’être victimes d’abus pour comprendre la valeur des droits de l’homme. Enfin, je voudrais supplier les acteurs de la justice de bien faire leur travail, de ne pas attendre forcément de l’argent de la part des justiciables pour rendre justice. J’ai laissé derrière moi environ deux mille (2000) détenus. Je vous jure que les deux tiers y sont entrés soit injustement, soit par méconnaissance de la loi. Il faut traiter rapidement leurs dossiers et les fixer sur leur sort, comme le demande la loi. Les juges ne doivent pas eux-mêmes violer la loi.

Olofofo : Monsieur Gogan, merci.

Issa Gogan : C’est à moi de vous remercier.

Propos recueillis par L. Cakpo et Koffi Eganhoui 

Transcription et traduction : Comlan Hugues Sossoukpè

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