Cedeao : la France tente un dernier coup sur le Niger

Cedeao : la France tente un dernier coup sur le Niger

Qu’est-ce que Christine Colonna est allée faire au Nigeria la semaine dernière ? Trois mois après le coup d’État qui a renversé Mohamed Bazoum au Niger et passée la surprise du changement de la donne dans le Sahel, Paris est entrée dans une intense activité économico-diplomatique pour la diversification de ses partenariats et la sécurité de ses approvisionnements. En début de semaine dernière, le président Emmanuel Macron s’est rendu au Kazakhstan et en Ouzbékistan avec les responsables du nucléaire français pour tenter de compenser les quantités d’uranium que son pays risque de perdre au Niger. Deux jours après la tournée en Asie Centrale, c’est Catherine Colonna qui était au Nigeria. La patronne du Quai d’Orsay (ministère français des Affaires étrangères) s’est fait recevoir par le président nigérian pour « renforcer la coopération » entre les deux pays. « L’Afrique est diverse et plurielle. Elle ne se limite pas au Sahel », a-t-elle fait remarquer devant la presse, dans une référence assumée à la situation difficile que vit son pays dans cette région de l’Afrique.

Par Julien Coovi

Coopération économique

Il faut dire qu’avec les immenses gisements de matières premières stratégiques dans son sous-sol, le Sahel a été depuis le lendemain des indépendances, le pilier central de la politique africaine de la France. Le Mali, et le Niger notamment, ont donc toujours été au cœur de la stratégie de l’Élysée. La crise politique dans la région depuis 3 ans et le défi diplomatique permanent que les juntes au pouvoir imposent à Paris obligent les autorités françaises à trouver des solutions.

Christine Colonna a annoncé une augmentation des investissements de son pays au Nigeria : plus de 100 millions d’euros (environ 65,6 milliards de francs CFA) seront investis dans les industries créatives et numériques du Nigeria, les plus dynamiques du continent.

Nouvelle stratégie pour l’Afrique

Mais Christine Colonna avait une autre mission : « trouver avec le président en exercice de la CEDEAO, de nouvelles idées pour le retour de la démocratie dans la région. » Facile d’imaginer qu’au menu des discussions, il y avait le Niger, où le projet d’une intervention militaire fortement encouragé par la France dès le lendemain du putsch, a dû être enterré face à l’hostilité des opinions publiques de la région. Ni Paris, ni Abuja n’en ont dit plus sur la nouvelle stratégie sur le Sahel, mais l’on peut imaginer que le président Bola Ahmed Tinubu a eu la primeur de la nouvelle stratégie de la France en Afrique qui sera présentée et débattue à l’Assemblée Nationale française puis au Sénat, le 21 novembre 2023. En attendant, les sanctions économiques et commerciales contre le Niger sont toujours aussi dures. Rendez-vous donc le 21 novembre.

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