CEDEAO – AES : Le Président John Dramani Mahama tente de recoller les morceaux

AES-CEDEAO - John Dramani MAHAMA en médiateur

Le nouveau Président ghanéen, John Dramani Mahama, était au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Si officiellement aucun cahier de charges n’a été annoncé, la responsabilité de rétablir la confiance entre les pays ouest-africains semble lui incomber.

Une question fondamentale taraude les esprits aussi bien africains qu’internationaux : quel objectif faut-il lier à la visite d’État du nouveau Président ghanéen, John Dramani Mahama, dans les pays de l’Alliance des États du Sahel ?

La visite du Président du Ghana au Mali, au Burkina Faso et au Niger est loin d’être une visite de courtoisie. Et le nouvel ”homme fort”, lui-même, l’avait avoué. « Je pense qu’il y a une rupture de confiance entre les dirigeants. Il faudra du temps pour la reconstruire, mais nous devons y travailler afin de rétablir la confiance entre nous et de pouvoir travailler ensemble », a-t-il indiqué à Ouagadougou, au terme de sa visite au Président de la transition, le capitaine Ibrahima Traoré. L’on peut donc lire aisément que son déplacement dans ces trois pays a un objectif précis. Le Président John Dramani Mahama se serait fixé une mission unilatérale puisqu’il n’aurait pas, pour une telle opération, obtenu le visa des Chefs d’État de la CEDEAO qui relève désormais du passé pour ces trois pays, depuis janvier 2025.

Sur les traces de Bassirou Diomaye Faye…

Une telle initiative avait été prise par le Président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, dès sa prise de fonctions. La visite du Ghanéen n’est donc que la résultante d’une vision prospective du développement de la sous-région. Et le Président John Dramani Mahama y a attaché du prix. Déjà le 7 janvier 2025, dans la foulée de son investiture, il avait nommé un envoyé spécial, le lieutenant-colonel Larry Gbevlo-Lartey, auprès de ces États de l’AES. Mais, joint au téléphone par la Deutsche Welle, à Accra, ce dernier a exprimé des nuances sur l’agenda du Président. « En effet, les relations bilatérales entre le Ghana et ces pays s’étaient fortement dégradées après la création de l’AES. Une fois Président, Mahama a jugé prioritaire le rétablissement de ces relations afin d’instaurer la confiance dans les relations bilatérales et d’ouvrir la voie à d’autres discussions sur d’autres questions régionales. »

« Je pense que ce sera un très bon point de départ pour d’autres discussions sur d’autres sujets, y compris la coopération régionale, la lutte contre le terrorisme, le développement économique et d’autres choses de ce genre », a-t-il déclaré. Selon le Président ghanéen, dans une arène mondiale où toutes les nations forment de plus en plus d’alliances afin de faire face aux nombreux défis communs dont ceux économiques et sécuritaires, l’Afrique de l’Ouest ne peut pas se permettre de rester fragmentée.

L’AES, un partenaire de la CEDEAO

Le Président ghanéen, contrairement à certains de ses collègues qui refusent toujours de voir la réalité en face, se veut plutôt pragmatique. En effet, à Niamey qui constituait la seconde étape de son périple, John Dramani Mahama a évoqué la nécessité d’une reconnaissance de la confédération que constitue désormais l’Alliance des États du Sahel par la CEDEAO. C’est une erreur que de penser que le Mali, le Burkina Faso et le Niger ravaleront leurs vomissures et retourneront au sein de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Mais, à l’heure actuelle, il s’agit beaucoup plus d’un partenariat. D’ailleurs, lors d’un sommet de l’AES, les dirigeants à la tête de ces pays se sont dit favorables à toutes les discussions avec la CEDEAO, au même titre qu’avec d’autres organisations, puisqu’il est question de développement. Et qui parle de développement, pointe assurément du doigt des enjeux économiques. Le Ghana ne veut pas rester en marge des accords. « Le Ghana sait très bien que ces trois pays enclavés n’ont pas d’accès à la mer. Le Ghana peut certainement offrir ses deux ports de Tema et de Takoradi à ces pays pour l’importation de leurs marchandises. 60% des importations du Mali passe par la Côte d’Ivoire, les importations du Burkina Faso par la Côte d’Ivoire, c’est 40%.  Et il en est de même pour le Niger. Le président ghanéen sait que la Côte d’Ivoire n’a pas actuellement de bonnes relations avec ces pays », a expliqué Geoffroy Kouaho, un analyste politique ghanéen. Lui aussi ne croit pas en un quelconque retour des pays de l’AES au sein de la CEDEAO.

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